Arrivé au pouvoir avec le titre de colonel, Assimi Goïta a été élevé au rang de général d’armée (5 étoiles) à l’issue du Conseil des ministres du 16 octobre. Il devient ainsi le militaire le plus haut gradé du Mali avec cinq étoiles. Les colonels, Sadio Camara, ministre de la Défense, Malick Diaw, président d’une assemblée tenant lieu d’organe législatif, Ismaël Wagué, ministre de la Réconciliation, et Modibo Koné, chef du Renseignement, ont été promus généraux de corps d’armée (4 étoiles). Le colonel Abdoulaye Maïga, porte-parole du gouvernement, devient général de division (3 étoiles).

La promotion des colonels au rang de général, mais aussi, leur amnistie pour leurs actes liés aux putschs figuraient parmi les recommandations issues de ces consultations.

Par cette décision, prise à titre exceptionnel, l’actuel locataire du palais Koulouba de Bamako rejoint le club très fermé des généraux africains cumulant parallèlement la fonction de chef d’Etat en exercice, et composé, notamment, de Mamadi Doumbouya (Guinée), Abdourahamane Tiani (Niger) Mahamat Idriss Déby Itno (Tchad), Mohamed El Gazhouani (Mauritanie), Denis Sassou-Nguesso (Congo-Brazzaville), Abdel Fattah al Sissi (Egypte), Paul Kagame (Rwanda), Joao Lourenço (Angola), Umaru Sissoco Embalo (Guinée Bissau) et Brice Oligui Nguema (Gabon). Le prochain à entrer dans ce club fermé sera-t-il leur jeune frère du Burkina Faso, Ibrahim Traoré pour le moment capitaine ? On se rappelle que le capitaine, Thomas Sankara, de qui il se réclame avait gardé son grade de capitaine, pendant 4 ans, jusqu’à son assassinat le 15 octobre 1987. Son successeur, Blaise Compaoré, fit de même jusqu’à son éviction du pouvoir fin octobre 2014. Ibrahima Traoré sautera-t-il le pas ?

Parlant du Mali, après avoir manqué le calendrier de fin de transition annoncée pour février 2024, le général-président, Assimi Goïta, envisagerait un retour à l’ordre constitutionnel, si l’on se base sur les éléments du projet de loi de finances 2025 actuellement débattu au sein du Conseil national de transition (CNT). En effet, une ligne budgétaire y est prévue pour l’organisation de l’élection présidentielle, avec une dotation de 80.75 milliards de F CFA. Pas moins. Il faut dire que le Mali est un pays très vaste avec 1.241.238 kilomètres carrés qu’il faudra, absolument, couvrir sur le plan électoral, ce qui coûte cher.

Inutile de dire que les spéculations vont bon train au Mali dans l’attente d’une éventuelle déclaration officielle de la junte au pouvoir quant à la tenue effective du scrutin présidentiel, ou, le cas échéant, d’une décision concernant l’adoption ou non de la ligne budgétaire y étant relative par les parlementaires de l’organe législatif de transition.

Paul-Patrick Tédga

MSc in Finance (Johns Hopkins University – Washington DC)