Le premier ministre burkinabè, Apollinaire Joachimson Kyelem de Tambela, en visite au Mali voisin, cette semaine, a suggéré la création d’une « fédération » entre son pays et le Mali. Personne au Mali comme au Burkina Faso ne s’y attendait, ce qui montre que les présidents de transition des deux pays se concernent et marchent plus qu’ils ne le montrent en public.
Les deux Etats, confrontés à la violence djihadiste, et dirigés par des militaires, qui ont exigé le départ des soldats français de leurs territoires, se sont rapprochés ces derniers mois. Pour la bonne cause.
Dans un discours, lors d’un dîner, le chef du gouvernement malien, Choguel Kokalla Maïga, a estimé que cette visite de travail va renforcer les liens de coopération sur les plans sécuritaires et économiques entre la République du Mali et le Burkina Faso :
« Souveraineté, liberté des choix de ses partenaires, défense obstinée des intérêts du peuple malien. Je suis certain que ces principes là sont partagés par tous les pays qui veulent se prendre en charge et nos frères et amis du Faso, j’en suis convaincu, doivent avoir des exigences similaires. »
« Nous sommes prêts à partager notre expérience, nos idées et nous enrichir des idées et des expériences des autres, surtout de nos frères avec lesquels on a le même objectif. »
Kyelem de Tambela (reçu par le colonel-président malien), a, pour sa part, rappelé une tentative passée de créer une fédération en Afrique de l’Ouest francophone, un projet mort-né, de réunir le Mali, le Sénégal, le Burkina Faso et le Bénin, peu avant leur indépendance de la France en 1960. Une telle initiative ne pouvait pas fonctionner les pays africains étant, encore, profondément, sous l’influence de la France, qui combattait cette volonté de s’unir.
Aujourd’hui, la France a vu son influence fondre comme neige au soleil aussi bien au Mali qu’au Burkina Faso. Ces deux pays peuvent, donc, en toute souveraineté tracer leur nouveau destin, avec le seul consentement de leur peuple et sans aucun tuteur extérieur.