En suspendant son aide au développement, en retirant les derniers militaires de la Force Barkhane, la France rompt ses liens économiques et militaires avec un Mali qui, lui, est de plus en plus hostile.

Par ailleurs, plusieurs pays ont quitté ou ont annoncé leur intention de quitter la MINUSMA (Mission des Nations-Unies pour la stabilisation du Mali), la force onusienne chargée de rétablir la paix au Mali : la Suède, l’Allemagne, le Royaume Uni, la Côte d’Ivoire…

La voie est, donc, désormais, libre pour les mercenaires de la société Wagner, qui vont pouvoir agir en toute impunité.

Frapper sans discernement autant les populations civiles que les djihadistes, commettre au passage des exactions, des tortures et des viols sont leur modus operandi de ces soudards. Leurs actions prennent la forme de massacres. C’est l’or qui attire les mercenaires de Wagner au Mali. Les diamants de la Centrafrique ne leur suffisent plus. Ils sont, également, le symbole de l’avancée de la Russie en Afrique. Cela sert l’image d’Evgueni Prigojine, l’ambitieux patron de Wagner.

Malgré les résultats peu probants des mercenaires de Wagner sur le terrain et les violences commises par les mercenaires de Wagner contre les civils, le Mali et la Centrafrique continuent à leur faire confiance. Ils font des émules. Ainsi, le Burkina Faso est tenté de faire de même.

Cet isolement du Mali et les choix hasardeux de la junte ouvrent la porte à une surenchère de la violence et au chaos.

Les ONG s’inquiétent, à juste titre, du sort des populations civiles. Elles ont peu de chance d’être entendues par la junte.

Témoins gênants pour un pouvoir en place et une société Wagner dépassés, elles sont empêchées de travailler convenablement ou poussées à partir. La suspension des activités des ONG bénéficiant de subventions de la France est la première étape. D’autres ONG suivront.

Pour la junte, il s’agit de se démarquer de ses prédécesseurs. L’exaltation du sentiment national et l’exploitation du ressentiment contre la France, l’ancienne puissance coloniale, accusée de tous les maux par les puissants réseaux sociaux pro-russes, sont destinées à masquer l’incapacité de la junte à faire face au terrorisme et à une situation humanitaire tragiquement dégradée.

Le désengagement français et d’une partie de la communauté internationale va précipiter la déstructuration du Mali, son naufrage et la jeter dans les bras de la Russie.

Patrick David 

Docteur en droit