Le Maroc a, officiellement, lancé une « Commission nationale » de lutte contre la traite des êtres humains, trois ans après l’adoption d’une loi sur la traite des personnes. C’est un pas que réalise le royaume dans sa volonté de faire face à certains actes inhumains qui noircissent sa politique de la main tendue sur l’immigration négro-africaine dont la relative souplesse est inversement proportionnelle aux pratiques rigides imposées aux mêmes migrants quand ils sont de passage en Algérie ou en Libye.
« La traite des êtres humains est une forme moderne d’esclavage qui ne peut être tolérée », a dit le chef du gouvernement, Saad-Eddine El Othmani, lors de l’installation des membres de cette Commission. Ses propos qui méritent d’être relevés venant de la bouche d’un responsable maghrébin de premier plan, ont été rapportés par la très officielle Agence marocaine de presse (MAP).
La Commission regroupe des représentants de plusieurs départements ministériels et devra soumettre des propositions au gouvernement pour faire face à ce phénomène, selon la MAP.
Le Maroc s’est doté, en août 2016, d’une loi criminalisant la traite des êtres humains, avec des peines pouvant aller jusqu’à 30 ans de prison.
Pour accompagner l’installation de la nouvelle Commission, une campagne de sensibilisation a été lancée.
« La plupart des personnes qui entendent ce terme pensent directement à l’esclavage », mais, le « phénomène est beaucoup plus large », clame une vidéo diffusée sur Youtube, qui cite comme exemple le recrutement de mineurs dans le travail domestique et la mendicité.
Selon des associations marocaines, des milliers de domestiques mineures sont exploitées et maltraitées par leurs employeurs dans le pays, malgré une loi destinée à limiter les abus.
La mendicité des enfants est, également, un phénomène très répandu dans les grandes villes marocaines et selon la presse locale, ces enfants sont, parfois, « loués » par leur famille à des « réseaux organisés ».
Les migrants clandestins restent, eux-aussi, « très vulnérables à la traite au Maroc », selon un rapport du département d’Etat américain rendu public en 2017. Le rapport évoquait des « efforts limités » du gouvernement marocain pour « poursuivre les trafics criminels ».
Les autorités marocaines annoncent, fréquemment, le démantèlement de « réseaux de trafic de migrants », une quarantaine entre janvier et mars 2019, a, récemment, déclaré le directeur de l’Immigration au ministère de l’Intérieur Khalid Zerouali (sur notre photo une manifestation contre le racisme envers les migrants, à Rabat, au Maroc, le 11 septembre 2014).