MARTINIQUE : Le droit du peuple martiniquais à disposer de lui-même (La demande de l’indépendance en filigrane des manifestations)

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Les Départements et Territoires d’Outre-Mer (DOM-TOM) sont en ébullition. En Guyane, la volonté d’indépendance se manifeste, tout comme, en Nouvelle-Calédonie, comme le montre notre Une du numéro 533-534 de juin-juillet 2024. Depuis quelques semaines, c’est le Département de la Martinique (celui de feu Aimé Césaire, le père du concept de la négritude avec le Sénégalais Léopold Sédar Senghor), qui connaît de graves troubles.

«Suite à la fermeture de l’Aéroport Aimé Césaire en Martinique en fin de journée (du 10 octobre), trois vols ont été déroutés» vers la Guadeloupe, avec «à bord 1.117 passagers», a indiqué, hier, jeudi, la préfecture dans un communiqué.

Dans l’après-midi, plus d’une cinquantaine de personnes ont envahi la piste de l’aéroport de Fort-de-France dans la commune du Lamentin, selon une source policière.

Des incidents ont éclaté, lundi, 7 octobre, entre les CRS et des militants, qui menaient une action de blocage au Lamentin (notre photo). Depuis, des violences urbaines sont à nouveau recensées chaque nuit. Conséquence, le préfet de l’île, Jean-Christophe Bouvier, a signé, jeudi, deux arrêtés concernant «l’ensemble du territoire de la Martinique». Le premier instaure un couvre-feu de 21h00 à 05h00, le second a interdit les rassemblements et les manifestations à partir de 18h00 jeudi. Les deux arrêtés courent jusqu’à lundi, 14 octobre.

La Une du numéro 533-534 d’Afrique Education sur les manifestations en Nouvelle-Calédonie.

Les établissements scolaires resteront par ailleurs fermés pour le deuxième jour consécutif vendredi, a indiqué le rectorat de Martinique.

Le CHU de la Martinique a annoncé, jeudi, le déclenchement d’un plan blanc au cours duquel des «déprogrammations d’actes opératoires ou de consultations sont organisées»«Toutefois, une attention particulière est portée s’agissant des interventions urgentes ou liées à la cancérologie», a ajouté le CHU dans son communiqué, précisant que «les rendez-vous annulés feront l’objet d’une reprogrammation dans les meilleurs délais». En outre, les pharmacies de l’île ont déclaré le même jour «ne plus être en mesure d’assurer le service d’urgence».

Tous ces soubresauts ne sont que la conséquence de la volonté d’un peuple qui demande à disposer de lui-même, même s’il est appelé à vivre dans la pauvreté et la misère. En Afrique d’où vient le peuple de Martinique, dans sa majorité écrasante, les pays souffrent mais, on n’y meurt pas de faim. On lutte pour avoir son destin en main et y faire ce que l’on veut. C’est le cas dans aucun département ou territoire d’Outre-Mer où les populations revendiquent cette indépendance sans jamais être entendue par le pouvoir central de Paris. Les troubles provoqués par la vie chère comparativement à la relative aisance des Français de métropole, ne sont que l’arbre qui cache la forêt. Ils montrent, aussi, qu’en réalité, il y a deux sortes de Français : les Français de la métropole et ceux de deuxième zone qui sont dans les DOM-TOM. Aimé Césaire dont l’aéroport de la Martinique porte le nom, une décision (du reste appréciée) signée Nicolas Sarkozy pour lui rendre hommage, souhaitait, que sa Martinique natale, soit comme le Sénégal de son frère, Léopold Sédar Senghor : un pays indépendant. Malheureusement, sa belle plume n’a pas suffi pour faire plier les colons de Paris. Mais, tôt ou tard, cette indépendance surviendra et Paris n’aura plus à faire la police à 6.900 kilomètres de la métropole, soit, 9 heures de vol. Une situation coloniale par excellence, qui est condamnée en Afrique, et aux Nations-Unies.

Le Martiniquais, Aimé Césaire, et son « frère total » sénégalais, Léopold Sédar Senghor.

Justement se basant sur un texte des Nations-Unies, la Grande-Bretagne, qui contrôle la région de l’Océan Indien depuis 1814, avait détaché en 1965 les Iles Chagos de l’Ile Maurice. Après de longues années de négociations, Londres va céder la souveraineté des Iles Chagos à l’Ile Maurice. La résolution 1514 des Nations-Unies votée dans les années 1960 interdit une puissance coloniale de démembrer un territoire avant son accession à l’indépendance. C’est l’application de cette résolution après des décennies de négociations qui a redonné les Iles Chagos à l’Ile Maurice. Dans la même région, l’Ile de Mayotte est concernée par cette résolution car elle a été démembrée des Comores.

Cela dit, La Martinique est dans une posture beaucoup plus simple. Pour accéder à sa souveraineté, le peuple d’origine africaine qui fait sa majorité, doit s’organiser pour demander sa sortie de l’Etat français tel qu’on le voit aujourd’hui.

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