MAURITANIE : Réélection sans surprise de Ghazouani (après avoir exclu son prédécesseur)

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Ce n’est vraiment pas un exploit. On ne perd pas une élection présidentielle qu’on organise, répète-t-on souvent dans les palais présidentiels africains. Sauf que cela n’avait pas souri à Pascal Lissouba et à Laurent Gbagbo, respectivement, en 1997 et en 2010, quand ils ont dû laisser la place à Denis Sassou-Nguesso et à Alassane Ouattara. Ces deux derniers qui ont compris la leçon, restent, encore, en poste, quand bien même leur réélection a souvent fait l’objet de très grosses contestations. En Mauritanie, l’histoire n’a pas bégayé : le président sortant, Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani, a été réélu dès le premier tour pour un second mandat à la tête de la Mauritanie avec 56,12% des voix, selon les résultats finaux provisoires publiés lundi, 1er juillet.

«Je m’engage à être président pour tous les Mauritaniens sans exception, ni discrimination et à poursuivre la politique de la main tendue et la démarche de concertation, de dialogue et de partenariat avec l’ensemble des acteurs politiques, y compris les concurrents à l’élection présidentielle de 2024», a déclaré Ghazouani dans une vidéo transmise par son équipe de campagne.

Les résultats doivent encore être validés par le Conseil constitutionnel, auquel ils doivent être transmis sous 48 heures. S’ils sont confirmés, Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani, militaire de carrière de 67 ans élu une première fois en 2019, dirigera cinq ans de plus ce vaste pays désertique à la charnière entre l’Afrique du Nord et l’Afrique subsaharienne, espace de stabilité dans un Sahel troublé par le djihadisme et les coups d’état, et futur producteur de gaz.

L’opposant négro-mauritanien, Biram Dah Abeid, donné deuxième avec 22,10%, a refusé de reconnaître les chiffres rendus publics par la CENI, et a crié aux «fraudes massives».

Le candidat islamiste de Tawassoul, premier parti d’opposition à l’Assemblée nationale, Hamadi Ould Sidi El Mokhtar, se classe troisième avec 12,78% des suffrages.

Ghazouani, grand favori de l’élection, l’avait aussi emporté au premier tour en 2019 avec un score d’un peu moins de 52%, déjà, devant Biram Dah Abeid.

Pour parvenir à une fin aussi heureuse, le président sortant a usé de toutes les manœuvres pour disqualifier son prédécesseur, Mohamed Ould Abdel Aziz, qui lui avait laissé le pouvoir au terme de ses deux mandats, et qui était candidat à cette élection. Sa présence parmi les compétiteurs aurait changé la donne et en l’excluant du jeu, Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani s’offrait un boulevard qui fait qu’il se soit fait élire dès le premier tour.

La principale critique qui puisse être formulée à l’endroit du président réélu, c’est la consécration de la marginalisation des populations noires (négros et haratines) de la gestion de l’Etat. Quand on lui demande de s’en expliquer, il a les mêmes réactions que son prédécesseur dont la politique n’était en rien différente de celle de l’ancien président Ould Taya.

L’esclavage continue encore dans ce pays en ce début de troisième millénaire. Et le président qui se dit président de tous les Mauritaniens reste inactif. Qui viendra faire justice pour les Non-Maures ? Les encourage-t-il à prendre les armes pour se libérer car c’est l’ultime voie qui s’offre à eux, leur candidat, Biram Dah Abeid, étant devenu un candidat abonné à la deuxième place, jamais, la première qui ferait de lui le président de la Mauritanie ? Voilà la question que nous posons au président El Ghazouani. Il pourra y répondre quand bon lui semblera.

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