Votre magazine, Afrique Education, s’était élevé, avec force, contre cette Mission initiée par une Fondation privée domiciliée à Brazzaville et dirigée par un Français, ancien vendeur d’armes en Angola, pour souligner son inopportunité et son caractère nuisible pour le continent noir. Menée pendant deux semaines début juin, notre campagne connut un succès dans la mesure où sur sept chefs d’Etat qui, selon la Fondation organisatrice de cette Mission avaient confirmé leur voyage, trois d’entre eux ont, finalement, choisi de l’annuler et de ne plus y aller. Ces chefs d’Etat qui ont eu cette sagesse sont : l’Ougandais, Yoweri Museveni, l’Eyptien, Abdel Fattah al-Sissi et le Congolais, Denis Sassou-Nguesso. Ils peuvent nous remercier, aujourd’hui, de leur avoir évité une honte tardive qui s’abat sur les quatre autres qui avaient maintenu leur voyage malgré les mises en garde dont ils n’avaient pas voulu tenir compte. Il s’agit du Sud-Africain, Cyril Ramaphosa, du Zambien, Hachainde Hichilema, du Sénégalais, Macky Sall et du Comorien, Azali Assoumani, qui n’ont que leurs yeux pour pleurer. Pour l’honneur de l’organisation qu’il dirige, le président de la Commission de l’Union africaine, le Tchadien, Moussa Faki Mahamat, a eu le sagesse de ne pas y participer et même d’associer l’Union africaine à cette mascarade. Gloire à lui.

Pour brouiller les cartes alors que les objectifs de cette Mission étaient ailleurs, la Mission nous avait fait croire qu’elle s’y rendait pour obtenir, aussi, le OK de la Russie et de l’Ukraine pour le renouvellement de l’accord sur la livraison des céréales en Afrique. Cette raison ne tenait pas la route car les pays africains (qui sont par ailleurs mille fois condamnables de ne pas produire les mêmes céréales sur leurs immenses terres vides) n’ont pas besoin de prier qui que ce soit pour se voir livrer les céréales. Car c’est du commerce qui se fait. Ce ne sont pas des dons. Mais, comme on peut s’y attendre et Vladimir Poutine l’avait bien indiqué, il attend que les conditions posées à ce renouvellement soient satisfaites par les Occidentaux, notamment, la réintroduction au moins d’une des banques russes dans le système de paiement, Swift.

Conclu en juillet 2022 entre la Turquie, l’Ukraine, la Russie et les Nations-Unies, cet accord avait, déjà, été prolongé à deux reprises. Vladimir Poutine recevra un Sommet Russie-Afrique, les 27 et 28 juillet, à Saint-Petersbourg, auquel participera la quasi-totalité des chefs d’Etat d’Afrique. Il pourra faire quelques annonces, ce qui montre, une fois de plus, l’inutilité de la Mission des chefs d’Etat qui disaient se rendre à Kiev et à Moscou pour le renouvellement de l’accord sur les céréales. En cas d’entente entre la Russie et l’Occident, notamment, les Américains et les Européens, 33 millions de tonnes de grains sortiraient du port d’Odessa en Ukraine, en dépit du conflit. La voie utilisée serait la Mer Noire. Cela ne peut être possible sans le feu vert de Moscou.

Cette situation a commencé à pousser certains pays africains à devenir conséquents avec eux-mêmes en lançant des programmes de culture de blé comme au Cameroun. D’autre part, dans ce pays, la composition du pain dans les boulangeries intègre, désormais, d’autres variétés de farines comme celle du manioc, du plantain, du mil, etc. Commencée à Yaoundé et à Douala, cette expérience s’étend, progressivement, sur l’ensemble du territoire. Donc, à quelque chose, malheur est bon : les Africains doivent apprendre à trouver des solutions par eux-mêmes et chez eux, comme ils l’avaient, déjà, très bien fait avec le Covid-19. Aujourd’hui, plusieurs médicaments qui guérissent le Covid-19 sont proposés dans des pharmacies en Afrique, au grand dam, même de l’OMS.