Le cyclone qui a balayé, en fin de semaine dernière, le Mozambique et le Zimbabwe, emportant sur son passage routes, ponts, hôpitaux et écoles, a fait, au moins, 173 morts, mais, le bilan pourrait dépasser le millier de morts, a prévenu, lundi, 18 mars, le président mozambicain, Filipe Nyusi.
« Pour le moment, nous avons officiellement 84 morts (au Mozambique seulement). Mais, quand on a survolé la zone tôt ce matin (…) pour comprendre ce qui se passe, tout laisse à penser que le bilan pourrait dépasser les 1.000 morts », a déclaré Filipe Nyusi dans une intervention télévisée à Maputo.
« Plus de 100.000 personnes ont besoin d’aide alimentaire », a-t-il ajouté. « Les eaux des rivières Pungue et Buzi ont débordé et fait disparaître des villages entiers isolant des communautés. Il y a des corps qui flottent. C’est un véritable désastre humanitaire », a-t-il estimé (notre photo).
Des rescapés ont trouvé refuge dans des arbres en attendant les secours, a expliqué le président. Des images aériennes transmises par l’organisation, Mission Aviation Fellowship, montrent, aussi, des dizaines de personnes bloquées sur les toits de bâtiments en dur entourés d’eau.
Le cyclone Idai et ses vents d’une extrême violence associés à des pluies torrentielles se sont abattus sur le centre du Mozambique, jeudi, 15 mars, soir, avant de poursuivre leur course folle au Zimbabwe voisin.
Au Zimbabwe, « 89 personnes ont été tuées, 86 dans la région des Eastern Highlands, deux à Masvingo, et une dans le Mashonaland Est (Est du Zimbabwe) », a déclaré, lundi, 18 mars, le porte-parole du gouvernement, Nick Mangwana.
« On a l’impression d’avoir affaire aux conséquences d’une guerre à grande échelle », a estimé le ministre, actuellement, en charge de la Défense, Perrance Shiri.
Au Mozambique, l’étendue des dégâts à Beira, la deuxième ville du pays avec un demi-million d’habitants, est « énorme et terrifiante », a prévenu la Fédération internationale de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge (FICR).
« 90% de Beira et de ses alentours ont été endommagés ou détruits », a-t-elle ajouté dans un communiqué.
« Les moyens de communication ont été totalement coupés et les routes sont détruites », compliquant, grandement, les secours, a précisé Jamie LeSueur du FICR depuis Beira.
Lundi, les rues de la ville étaient jonchées d’arbres déracinés, d’éclats de verre et de tôles emportées.
« Les tôles en s’envolant ont décapité des gens, d’autres ont été blessés. (…) Il n’y a pas de secours ici. On est mal », a déclaré une rescapée Rajina, qui a trouvé refuge dans une échoppe abandonnée.
Dans la région de Beira, 873 maisons ont été emportées, 24 hôpitaux détruits et 267 classes, partiellement ou complètement, englouties, selon un bilan provisoire de l’Institut mozambicain de gestion des désastres.
Le président, Nyusi, a appelé ses concitoyens qui habitent « près de rivières à quitter la zone pour sauver leur vie, surtout, si on doit lâcher de l’eau des barrages » pour éviter qu’ils ne cèdent.
Plusieurs ont, déjà, « lâché ou atteint leur niveau maximum », a d’ailleurs prévenu Emma Beaty de l’organisation non-gouvernementale Oxfam.
Dimanche, 17 mars, soir, le ministre de l’Environnement, Celso Correia, avait estimé que le cyclone Idai pourrait avoir provoqué le « pire désastre naturel » de l’histoire du Mozambique, fréquemment, frappé par de violentes intempéries.
En 2000, des crues avaient, déjà, causé la mort de 800 personnes dans ce pays d’Afrique australe.
Au Zimbabwe, le pays n’a, jamais, connu de « destructions d’infrastructures d’une telle ampleur », a estimé, pour sa part, le ministre des Transports, Joel Biggie Matiza.
Les secours se concentraient dans la région de Chimanimani (Est), où une école a été, partiellement, détruite par un glissement de terrain qui a fait, au moins, trois morts.
Les enfants, qui étaient bloqués dans l’établissement ont, finalement, été secourus, alors qu’au moins, 150 personnes sont, toujours, portées disparues dans la région selon un député, Joshua Sacco.
Devant l’ampleur des dégâts, le président, Emmerson Mnangagwa, est rentré, précipitamment, lundi, 18 mars, d’un voyage aux Emirats arabes-unis.
« Notre nation est profondément endeuillée », a-t-il déclaré. « On me dit que ce n’est pas fini », a-t-il assuré en référence à la montée des eaux liée aux pluies qui ont continué lundi.
L’association médicale du Zimbabwe (ZIMA) a lancé un appel aux volontaires pour venir en aide aux sinistrés et appelé aux dons de nourriture, d’eau, de gaz, de vêtements, de couvertures, ou encore, de tentes.
Les fortes pluies qui avaient précédé l’arrivée d’Idai avaient, déjà, fait, au moins, 122 morts au Mozambique et au Malawi voisin, qui a été épargné par Idai.