NATIONS-UNIES : Vers l’élection de Miss Albinos ?

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« De toutes les régions du monde, l’Afrique subsaharienne est la plus hostile pour les albinos », souligne Ikponwosa Ero, experte indépendante sur l’albinisme nommée, en 2015, par l’ONU, elle-même, atteinte de cette maladie génétique caractérisée par une absence de pigments dans la peau, les cheveux et les yeux.

Le soleil de plomb prédominant sur le continent est sans pitié pour leurs yeux et leur peau vulnérable au cancer. Mais, surtout, ils y sont attaqués, tués et leurs tombes violées en raison de croyances séculaires selon lesquelles potions et grigris préparés à l’aide de parties de leur corps apportent chance et richesse.

L’ONG canadienne, Under The Same Sun (Sous le même soleil), a répertorié 457 attaques – dont 178 meurtres – commises contre des albinos dans 26 pays africains, principalement, ces 10 dernières années. L’ampleur exacte du phénomène est, cependant, difficile à cerner en raison du secret qui entoure ces pratiques.

Mais, les albinos ont, désormais, les moyens de donner du poids à leur cause depuis que l’ONU a reconnu leurs souffrances, notamment, via l’institution de la journée mondiale de l’albinisme, célébrée, le 13 juin, depuis 2015.

Vendredi, 17 juin, quelque 150 représentants de la société civile et de gouvernements, issus de 29 pays africains et en grande partie albinos eux-mêmes, se sont réunis, à Dar es Salaam, pour partager leurs expériences et idées en vue d’assurer leur sécurité et une meilleure intégration.

Tout un symbole, c’est en Tanzanie, pays le plus touché par les attaques d’albinos, qu’a eu lieu ce premier forum organisé sous l’égide de Mme Ero.
« L’idée, c’est d’établir une feuille de route commune incluant des mesures simples, efficaces et bon marché », en matière de prévention et de protection, notamment, s’assurer que les albinos soient entourés de voisins de confiance ou qu’ils disposent, simplement, d’une porte à leur maison, explique Mme Ero.

Sur un continent où les cercueils sont, souvent, inhumés en pleine terre, elle évoque, en outre, l’utilisation de « ciment pour recouvrir les tombes afin d’éviter que les corps d’albinos ne soient exhumés ».
En matière d’intégration et sensibilisation, Alex Michila, vice-président de l’Association des albinos du Malawi, préconise d’inscrire des enfants albinos dans des internats « afin qu’ils côtoient des enfants non albinos ». Dans ce pays, le Malawi, Amnesty International a constaté, récemment, une vague d’attaques « sans précédent ».

Abdallah Possi, vice-ministre tanzanien en charge des personnes handicapées et lui-même albinos, met, quant à lui, en exergue plusieurs condamnations « exemplaires et dissuasives » prononcées dans son pays contre des personnes jugées coupables d’avoir tué des albinos.

La feuille de route de Mme Ero, qui doit être finalisée, fin 2017, sera soumise à l’Union africaine.

« Une voix panafricaine est d’une importance cruciale, parce qu’au final, nous devons faire pression sur les gouvernements », soutient Jon Beale, directeur de l’ONG Standing Voice. « Ensemble, nous avons plus de poids. »

Le Kenya fait de l’avis général figure d’exemple dans la région, notamment, grâce à des programmes de traitement du cancer de la peau et de distribution de crème solaire financés par le gouvernement, ainsi qu’à l’existence d’une ligne téléphonique d’urgence en cas d’agression.

La présence d’albinos dans la sphère publique kényane, comme le député Isaac Mwaura et la juge de la Haute Cour kényane Grace Ngugi, est, également, saluée, unanimement, alors que le Kenya s’apprête à organiser, le 9 septembre, à Nairobi, son premier concours de « Miss et Mister albinos ».

« De cette manière, nous nous redéfinissons comme des personnes physiquement belles », soutient le député kényan Isaac Mwaura. « Nous ne sommes pas des fantômes et nous ne sommes pas laids. »

Les Nations-Unies vont-elles copier, bientôt, le bel exemple kényan ?

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