L’arrivée, mercredi, 10 avril, d’instructeurs russes ayant atterri à bord d’un gros Iliouchine-76, à Niamey, avec du matériel militaire de dernière génération à bord, annonce une nouvelle ère pour la coopération entre la Russie et le Niger. Africa Corps, perçu comme le successeur de Wagner en Afrique, confirme, ainsi, son arrivée dans le pays. On peut, désormais, dire avec certitude que la Russie élargit sa présence en Afrique en poussant les Français hors du Niger.
Le Niger a réceptionné sa première livraison de matériel militaire russe dans le cadre de la nouvelle coopération sécuritaire entre Niamey et Moscou. Vendredi, 12 avril, Africa Corps (ou The African Corps selon son compte en anglais), perçu comme le successeur de la société paramilitaire Wagner d’Evgueni Prigojine, en Afrique, a confirmé son arrivée dans le pays.
Les instructeurs militaires russes «assureront une formation de qualité» aux militaires nigériens «pour une utilisation efficiente du dudit système». «Nous sommes ici pour développer la coopération militaire entre la Russie et le Niger», «former l’armée du Niger et l’aider à utiliser le matériel militaire qui vient d’arriver», «du matériel de différentes spécialités militaires», ont déclaré des instructeurs russes.
Le groupe Africa Corps est vu comme un nouvel avatar de l’influence russe en Afrique, après Wagner, dont le célèbre chef, Evgueni Prigojine, est mort dans un accident d’avion en 2023, peu après une révolte armée avortée contre le pouvoir russe. En janvier, Africa Corps avait, déjà, revendiqué sur Telegram l’envoi d’unités au Burkina Faso. Selon une note du service de recherche du Parlement européen, le groupe a été créé sous l’égide du ministère russe de la Défense en décembre 2023 afin de «regrouper les anciens actifs du groupe Wagner sous le contrôle du gouvernement».
Le 26 mars, le chef du régime militaire au Niger, le général, Abdourahamane Tiani, s’était entretenu au téléphone avec le président russe, Vladimir Poutine, une première depuis qu’il a pris le pouvoir en juillet 2023, à Niamey. Les deux présidents ont discuté, notamment, du «renforcement» de leur coopération sécuritaire, «pour faire face aux menaces actuelles», selon un communiqué officiel nigérien, alors que les attaques djihadistes minent le Sahel. En décembre, une délégation russe était venue discuter avec les militaires nigériens, à Niamey, et des accords renforçant la coopération militaire entre les deux pays avaient été signés. Mi-mars, le Niger avait dénoncé avec «effet immédiat» l’accord de coopération militaire avec les Etats-Unis, remettant en question la présence d’un peu plus de 1.000 soldats américains au Niger.
Le Niger, comme le Burkina et le Mali voisins, est confronté à des violences djihadistes récurrentes et meurtrières depuis des années, perpétrées par des groupes djihadistes affiliés à Al-Qaïda et au groupe Etat islamique (EI). Dans ces trois pays, les gouvernements civils ont été renversés par des coups d’état militaires successifs depuis 2020. Ces trois anciennes colonies françaises ont, ensuite, tourné le dos à Paris et se sont rapprochés économiquement et militairement de nouveaux partenaires, dont la Russie, avant de se regrouper au sein de l’Alliance des Etats du Sahel (AES) avec pour objectif de créer une fédération, avec une monnaie autonome, qui aura remplacé le F CFA dont ils veulent se débarrasser.