Commissaire politique de la CEDEAO, Abdel-Fatau Musah devrait prendre sa retraite. A l’issue des deux jours de réunion des chefs d’état major de la CEDEAO, à Abuja, il a, une fois de plus, longuement, pris la parole pour tenir un discours connu d’avance. Il ne se rend même plus compte qu’il dit la même chose depuis deux semaines. A force de se répéter, il a enlevé le petit bout de crédibilité qui restait à la CEDEAO. Aujourd’hui, cette organisation n’est plus prise au sérieux par personne.
Au même moment, le premier ministre de transition, Ali Zeine, répondait aux questions du New York Times pour apporter des assurances aux inquiétudes de la diplomatie américaine dont l’ambassadrice est attendue à Niamey, dans les tout prochains jours. Kathleen Fitzgibbon arrive droit d’Abuja où elle était la numéro 2 de l’ambassade (notre photo). A charge pour elle de tout faire pour raccourcir les délais de la transition afin que le CNSP reste crédible aux yeux de ses supporters.
Ali Zeine a, aussi, tenu à rassurer Antony Blinken et Antonio Guterres, qui s’inquiétaient de la santé de l’ancien président, Mohamed Bazoum. Ses mauvaises conditions de vie s’expliquent par le fait que Bola Tinubu a coupé l’électricité qui ravitaillait 80% du pays (dont la résidence présidentielle) pour respecter les sanctions de la CEDEAO. Ce n’est donc pas de la faute de la junte si Bazoum manque d’eau et d’électricité, mais pour le reste, il se porte bien, a tenu à préciser le premier ministre de transition.
Même si le Mali et le Burkina Faso ont promis des troupes au Niger pour contrer une possible agression de la CEDEAO, même si au fond, tout le monde sait qu’il n’y aura aucune intervention militaire, les Africains venant d’autres pays s’organisent pour se rendre à Niamey afin de faire face à l’agression de la CEDEAO sous l’influence de la France. Au Niger même, la population se dit prête à affronter les militaires envoyés par la CEDEAO pour remettre Bazoum au pouvoir.
Parlant justement de Mohamed Bazoum, on a du mal à penser qu’il pourrait encore diriger ce pays dans les conditions actuelles où il a montré qu’il était beaucoup plus l’homme des puissances occidentales que celui des Nigériens qui l’auraient élu. La France ne lui a pas rendu service en s’affichant de cette façon encombrante à ses côtés, et en appelant en renfort ses vassaux locaux, à savoir, Alassane Ouattara, Macky Sall et Patrice Talon.
Personne n’oublie la façon dont la France avait procédé pour détruire la Libye et assassiné Mu’ammar al Kadhafi. En octobre 2011, elle était passée par les Etats-Unis et l’OTAN pour réaliser ce forfait. Jadis prospère, la Libye ne ressemble plus à rien aujourd’hui. Mais malgré cela, la France ne désarme pas. Elle ne fait montre d’aucun remords. Cette fois, se croyant plus rusée, elle veut passer par Alassane Ouattara, Macky Sall et Patrice Talon, qui, malgré le refus des pays africains, poussent la CEDEAO à une intervention militaire. Si intervention militaire il y avait, elle détruirait le Niger comme la Libye fut détruite en 2011. Car l’armée nigérienne a juré qu’elle allait se défendre avec la dernière énergie, avec le concours en sus de l’armée malienne et burkinabé. Conséquence, on se dirigerait droit vers une guerre civile au Niger, qui pourrait affecter tout le Sahel. Tout ceci parce que la France veut (absolument) garder ses mines d’uranium (qu’elle exploite depuis 50 ans sans donner la lumière aux Nigériens) et ses 1.500 militaires dans le pays. Des avantages qu’elle avait avec Bazoum et qu’elle est sûre de perdre avec la junte.