Le groupe français Areva a annoncé, lundi, 9 octobre, des licenciements en 2018 dans une de ses filiales au Niger. Plusieurs centaines de salariés seraient concernés, selon une source syndicale.
« Les conditions du marché sont très difficiles et les prix de l’uranium très bas, à 1 dollar la livre. Somaïr doit adapter son organisation industrielle et ajuster ses effectifs », affirme Areva à Niamey.
La Somaïr est l’une des deux filiales d’Areva dans le Nord désertique du Niger. Areva n’a pas précisé le nombre de postes qui seront affectés.
Mais une source syndicale basée dans la cité minière d’Arlit (Nord) a déclaré qu’Areva leur avait annoncé « la semaine passée » sa décision de licencier « près de 200 agents » sur les 916 de la Somaïr, « en raison d’un problème de trésorerie ». Tous des Nigériens ou y aura-t-il des employés français dans ces licenciements ?
La mesure concernera également « plus de 500 » postes de « sous-traitants », selon cette source.
« Nous sommes contraints de prendre cette décision : c’est une question de survie pour Somaïr », a justifié Areva.
Pour sauver la Somaïr, « le scénario approuvé » le 19 septembre par le conseil d’administration -dont font partie des représentants de l’Etat nigérien- et « partagé avec les partenaires sociaux » prévoit « la baisse de l’activité minière », « la baisse des investissements », « la diminution de la flotte des engins » et « le réajustement des effectifs de la Somaïr et des sous-traitants », a détaillé Areva.
Ces « mesures incontournables » sont censées permettre à la Somaïr de « traverser cette période de prix très bas » et d’éviter sa faillite, avance Areva. La faillite ? Si oui, à quoi sert la maison-mère dont le rôle, ces dernières années, a été d’aspirer les bénéfices réalisés au Niger ? Pourquoi ne renvoie-t-elle pas l’ascenseur ?
Selon la source syndicale, Areva a déjà fait savoir qu’au nombre des mesures d’économie, tous ses agents qui habitent dans des maisons appartenant aux sociétés vont « désormais payer leurs factures » d’eau et d’électricité, jusqu’ici prises totalement en charge par le groupe.
Le Niger est le 4e producteur d’uranium au monde, mais aussi, l’un des pays les plus pauvres de la planète. L’uranium nigérien représente près de 35% de la production totale d’Areva. Ce minerai, une fois enrichi, sert de combustible aux centrales nucléaires. Alors que le Niger éclaire une grande partie de la France, le Niger, lui, reste dans l’obscurité presque totale avec des interminables coupures d’électricité là où celle-ci existe. Est-ce normal ?
Areva exploite l’uranium depuis près de 50 ans dans le Nord du Niger (sur notre photo le président du Niger Mahamadou Issoufou reçoit Luc Oursel, le président d’Areva. Question : De quoi peuvent-ils parler ?). Areva et le Niger ont signé le 26 mai 2014 un accord sur le renouvellement des conventions minières sur cinq ans pour la Somaïr et la Cominak, les sociétés exploitant les mines d’uranium qu’Areva contrôle partiellement.
Aux termes de cet accord, Areva a accepté qu’une loi minière datant de 2006 soit appliquée à ces deux mines, ce qui fera croître la redevance minière de 5,5 à 12%. L’accord prévoit, également, le report sine die de l’exploitation de l’énorme gisement d’Imouraren, faute d’une conjoncture favorable.
Avec (seulement) 12% de redevance payée à l’Etat du Niger, Robert Mugabe avait-il tort de dénoncer, lors d’une visite d’Etat à Pretoria, en 2015, invité par Jacob Zuma, que le sous-sol des pays africains francophones, appartient, encore, à la France, près de soixante ans après les indépendances ? Il concluait en disant ceci devant une assistance ébahie : « C’est terrible » !
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Licenciements de 200 ouvriers en 2018
Redevance de 12% seulement
Luc Oursel et Mahamadou Issoufou.