Le Sommet du jeudi, 10 août, convoqué, à Abuja, par le président en exercice de la CEDEAO réunira, certes, les chefs d’Etat des pays membres. A ces derniers, s’ajouteront les représentants de l’Union africaine et des Nations-Unies. Mais chose inhabituelle, l’Union européenne fait, aussi, partie des organisations invitées à ce Sommet très politique, ce qui crée la polémique en Afrique de l’Ouest.
Et certains de se demander pourquoi seulement l’Union européenne et pas l’Organisation des Etats Sud-Américains, ni l’Organisation des Etats asiatiques ? Ces deux dernières n’auraient-elles pu, aussi, apporter leur pierre à l’édification de la paix au Niger ? Ce d’autant plus que le principal va-t-en guerre européen dans la crise du Niger, reconnu comme tel au regard des pancartes qu’on brandit à Niamey et le discours qui inonde les réseaux sociaux, s’appelle la France. Elle est fortement soupçonnée d’être présente à cet important Sommet via l’Union européenne. Il faudra, donc, suivre les positions de l’Union européenne pendant ce Sommet (sur notre photo le chef du CNSP le général Abdramane Tchiani).
Autre nouveauté : après 15 jours de flottement (alors que la nouvelle de la démission de Mohamed Bazoum circule, depuis hier, dans certains cercles à Niamey), on a vu, mercredi, 8 août, soir, l’érection d’un mouvement dont le but est de porter, à nouveau, Bazoum dans son fauteuil. Une initiative que le CNSP considère comme de la provocation à la veille du Sommet d’Abuja.
Cette organisation dirigée par Rhissa Ag Boula, un Touareg (comme Mohamed Bazoum), s’appelle le Conseil de la résistance pour la République (CCR). A Niamey, on voit la main de Paris dans cette création d’autant plus que ces mêmes Touareg ont toujours entretenu de très bonnes relations avec la France. Le colonel-président du Mali, Assimi Goïta, a souvent déclaré que Mohamed Bazoum (avant de devenir Nigérien) était un Malien (comme lui), mais, membre de l’AZAWAD. L’AZAWAD est cette organisation politico-miltaire, qui combattait l’armée malienne pour obtenir l’indépendance, dans le Nord du Mali. A cette époque, l’AZAWAD était soutenue (en sous-mains) par les Français, qui auraient préféré la partition du Mali pour bénéficier des richesses du Nord-Mali à moindres frais. Mais, avec l’arrivée des djihadistes au Nord-Mali, la donne a changé.
Voilà pourquoi il faudra un jour que Mohamed Bazoum explique comment il a fini par atterrir au Niger comme Nigérien membre du PNDS de Ingénieur, Mahamadou Issoufou. Aujourd’hui, c’est son frère touareg, lui aussi, ancien rebelle, Rhisssa Ag Boula, qui, après avoir, à peu près, suivi un itinéraire semblable, se porte à son secours dans un timing, qui permet de se poser des questions. Car le CCR est créé quelques heures avant la tenue du Sommet d’Abuja auquel l’Union européenne est invitée. Comme par hasard !
Le CNSP, qui a la réalité du pouvoir au Niger, a d’ores et déjà affirmé qu’il ne tolérera pas l’existence du CCR sauf s’il fonctionne dans les pays amis comme la France, la Côte d’Ivoire, le Sénégal ou le Bénin, par exemple.