La jeune fille, découverte, mardi, 17 mai, par des milices locales et par l’armée, dans une zone, encore, sous l’influence du groupe islamiste, est arrivée, à Abuja, par avion, depuis Maiduguri, la capitale de l’Etat de Borno (Nord-Est), avec sa mère, Binta.
Toutes deux se sont couvert le visage d’une écharpe au moment où elles entraient dans le bureau du président, dans sa résidence d’Aso Rock (notre photo montrant le président avec le bébé dans ses bras).
Elles étaient accompagnées par le gouverneur de l’Etat de Borno, Kashim Shettima, ainsi que, par plusieurs membres du gouvernement, dont le conseiller national à la Sécurité, le ministre de la Défense, et le chef d’Etat-Major des armées.
Le 14 avril 2014, Boko Haram avait enlevé 276 jeunes filles d’un lycée de Chibok. Cinquante-sept d’entre elles avaient réussi à s’échapper dans les heures suivant leur rapt par le groupe islamiste.
Ce kidnapping sans précédent avait provoqué une vague d’indignation au Nigeria et dans le monde entier. Mais, malgré cette mobilisation, jusqu’à la découverte d’Amina Ali, on était, toujours, sans nouvelles des 219 captives.
Selon des responsables locaux, la jeune femme, aujourd’hui, âgée de 19 ans, a affirmé à sa famille, lors de brèves retrouvailles dans son village natal de Mbalala, près de Chibok, que la plupart des autres victimes se trouvaient, toujours, dans la forêt de Sambisa, un bastion de Boko Haram, mais, que « six d’entre elles sont, déjà, mortes ».
Cela fait des semaines que l’armée nigériane traque les islamistes et leurs otages et détruit des camps de Boko Haram dans la savane de cette ancienne réserve naturelle.
A un moment, on affirmait y avoir repéré les filles de Chibok sur des images satellites fournies par les Etats-Unis et la Grande-Bretagne. Mais, l’ancien ambassadeur de Grande Bretagne au Nigeria, Andrew Pocock, a déclaré, en mars, au Sunday Times, que l’armée nigériane n’avait rien fait de ces renseignements.
L’ancien président nigérian, Goodluck Jonathan, a été très critiqué dans sa gestion de la lutte contre Boko Haram, ce qui lui a, sans doute, coûté sa défaite, à la présidentielle, l’année dernière.
Selon l’armée, Amina Ali a été transportée, à Maiduguri, dans un hélicoptère militaire, depuis une caserne de Damboa, à 90 km de là, avec son bébé de quatre mois, Safiya, et un homme qu’elle présente comme son mari.
« Avant cela, ils ont été examinés par un médecin de l’armée de l’air et leur état de santé a été jugé stable, avec une tension normale », a indiqué, mercredi, 18 mai, le porte-parole de l’armée, le colonel, Sani Usman.
Des commandants de la lutte contre Boko Haram ont, ensuite, confié l’ancienne otage, l’homme et le bébé au gouverneur Shettima.
L’armée nigériane a publié des photos sur lesquelles on voit Amina Ali, son bébé dans les bras, recevant des soins médicaux.
La jeune fille, très mince, a les traits tirés. Sur une des photos, son mari, que l’armée considère comme « le terroriste présumé de Boko Haram », Mohammed Hayatu, est assis sur un lit d’hôpital et tient l’enfant dans ses bras.
Selon le colonel Usman, M. Hayatu « fait l’objet d’une enquête approfondie au Centre conjoint de renseignements » et il est « bien traité ».
Depuis 2009, Boko Haram est tenu responsable de l’enlèvement d’au moins 2.000 personnes, dans une insurrection qui a fait quelque 20.000 morts.
Certaines des otages ont été mariées de force et transformées en esclaves sexuelles. D’autres ont servi de kamikazes lors d’attentats suicide perpétrés par le groupe islamiste.
Avec AFP