En rendant son verdict en faveur du Nigeria, suite à sa plainte relative au traitement qui lui fut infligé par la Libye en marge du match retour comptant pour les qualifications de la CAN 2025 au Maroc, la CAF (Confédération africaine de football) n’imaginait, probablement, pas créer une crise diplomatique entre les deux pays. C’est pourtant là où les choses en sont aujourd’hui.
Considérant cette décision comme étant dénuée d’impartialité, les autorités libyennes vont tenter de l’annuler en utilisant tous les recours disponibles. Dans l’entre temps, elles auraient lancé une traque à l’échelle nationale des ressortissants nigérians vivant sur leur territoire. Toute personne en situation irrégulière écopera d’une amende de 500 dollars, ou sera déportée, le cas échéant.
Le but de l’opération serait de collecter une somme au moins équivalente à la pénalité de 50 000 dollars assortie au verdict de la CAF (sur notre photo, Patrice Motsepe, président de la CAF). Sachant que des milliers de Nigérians vivent actuellement en Libye, et que des centaines d’entre eux ont souvent recours au retour volontaire dans leur pays organisé par l’ONU, atteindre cette visée ne devrait être qu’une formalité pour Tripoli.
Mais, cette oppression des autorités libyennes envers des migrants d’Afrique subsaharienne n’est pas récente. En effet, depuis qu’elles reçoivent des fonds de l’Union européenne pour combattre l’immigration clandestine, les violations des droits humains sont devenues légion, sans que cela n’interpelle les pays occidentaux, donneurs d’ordre de ces crimes commis à ciel ouvert.
A son tour, la CAF vient aggraver la situation déjà précaire des migrants nigérians, en légitimant les discours haineux régulièrement proférés à leur encontre. Se voulant libre de toute ingérence d’ordre politique, l’instance dirigeante du football africain ne pourra pas rester indifférente face à la querelle diplomatique que son verdict a créé.
Paul-Patrick Tédga
MSc in Finance (Johns Hopkins University – Washington DC)