Dans une décision datant du 30 avril 2024, la Cour pénale spéciale (CPS) de Centrafrique a émis un mandat d’arrêt international contre l’ancien président, François Bozizé, pour son rôle présumé dans des crimes perpétrés entre février 2009 et mars 2013. Exilé en Guinée-Bissau depuis mars 2023, l’accusé a reçu le soutien de son hôte, qui n’est autre que le président-oiseau (car grand voyageur), Umaro Embalo Cissoko, lequel s’est opposé à toute extradition de son invité.
Interviewé alors qu’il était sur le point de s’envoler vers la Russie pour une énième sortie (vaine) hors de son pays, le président bissau-guinéen, toujours à l’affût d’une éventuelle couverture médiatique, n’a pas pu résister à la sollicitation des reporters sur l’affaire en cours, et a ainsi manqué une occasion de faire preuve de discrétion sur un dossier sensible, au regard de la situation sécuritaire qui prévaut sur le territoire de son homologue, Faustin-Archange Touadéra.
Ce qui surprend d’autant plus que, dans les propos qui lui ont été relayés, le dirigeant de la Guinée-Bissau a laissé entendre que la relation entre le président centrafricain et lui est au beau fixe. Mais, si tel est vraiment le cas, pourquoi donc faire preuve de tant de mépris envers son soi-disant « ami », surtout quand il sait à quel point ce dossier peut lui tenir à cœur ? Sans parler des familles de victimes qui attendent depuis plus d’une décennie que justice leur soit rendue.
Comme à son habitude, Umaro Embalo Cissoko a décidé de choisir le camp de la controverse. Coutumier de ce fait, le président bissau-guinéen continue sa course effrénée vers le mauvais côté de l’histoire. Et, le pire dans tout ça est que, par ses différents agissements, il donne allègrement raison à tous ceux qui sont sceptiques à l’idée de voir des militaires tenter de gérer un Etat à la manière dont le font les civils.
Paul-Patrick Tédga
MSc in Finance (Johns Hopkins University – Washington DC)