L’échec d’Hillary Clinton à la présidence américaine a consolidé plusieurs dirigeants africains dans leur volonté de s’éterniser au pouvoir. Si Barack Obama avait vite été perçu par ses pairs africains, comme un « beau parleur » qui ne savait pas « mordre » en ce sens qu’il excellait dans des cours de démocratie et d’alternance à la tête des Etats, mais se gardait bien de soutenir, dans les pays considérés, les opposants bloqués par la machine électorale locale, Hillary Clinton, par contre, est connue pour n’avoir pas froid aux yeux quand il faut passer de la parole à l’acte. Un exemple : son feu vert dans l’éviction du Libyen Kadhafi du pouvoir, une opération initiée par l’ancien président français, Nicolas Sarkozy. Alors que les sondages, quelques mois avant la présidentielle américaine, annonçaient, presque tous, l’arrivée d’Hillary Clinton à la Maison Blanche, plusieurs dirigeants africains, parallèlement, faisaient part de leur souhait d’abandonner le pouvoir. Mais, quand arriva, par surprise, Donald Trump dont la priorité n’était nullement la gestion des questions démocratiques dans le monde, et surtout, pas en Afrique où il donna l’impression d’apprécier les pouvoirs qui durent et donc qui sont stables, et qu’il ne fallait pas au nom du prisme occidental les déstabiliser au motif qu’il fallait les changer pour faire beau, plusieurs dictateurs africains se sentirent rassurés dans leur volonté de s’éterniser au pouvoir. Yoweri Museveni, qui est un pur produit américain (tout comme l’Erythréen Issaïs Afworki, le Rwandais Paul Kagame pour ne parler que d’eux) fait partie de cette catégorie de dirigeants qui aspirent à rester longtemps au pouvoir, ce qui désespère son opposition.
La justice ougandaise a ouvert la voie, jeudi, 26 juillet, au président, Yoweri Museveni, 73 ans, pour se présenter à un sixième mandat lors de élections prévues en 2021.
Au pouvoir depuis 31 ans, le chef de l’Etat ougandais a promulgué, en janvier, une loi supprimant la limite d’âge fixée à 75 ans pour être candidat à la présidence, provoquant la colère de l’opposition qui dénonçait « une présidence à vie ».
Une coalition de partis d’opposition avait, ensuite, saisi la justice.
Siégeant dans la ville reculée de Mbale, à environ 225 km à l’Est de Kampala, une majorité de juges constitutionnels s’est prononcée en faveur de l’abrogation de la loi fixant la limite d’âge à 75 ans.
La loi promulguée par M. Museveni réintroduisait, également, une limite au nombre de mandats présidentiels, supprimé en 2005.
M. Museveni, qui a pris le pouvoir en 1986 en tant que chef de l’armée rebelle (notre photo), a déclaré que les dirigeants qui « restaient trop longtemps » au pouvoir incarnaient les racines des maux de l’Afrique.
Mais, alors qu’il était candidat pour un cinquième mandat en 2016, il avait laissé entendre que le moment n’était pas encore venu pour lui de partir, affirmant qu’il avait, encore, beaucoup de travail à accomplir.
Bref, l’ex-guérillero se croit indispensable, voire, même irremplaçable, à la tête de l’Ouganda, ce qu’il reprochait entre autres à Milton Obote.