La Guinée célèbre, ce mardi, 2 octobre, le 60e anniversaire de l’indépendance acquise de haute lutte au point d’en payer durement le prix. Le fameux « NON » du père de l’indépendance guinéenne, Ahmed Sékou Touré, au général de Gaulle, entraîna la marginalisation du pays, jusque dans les années 80. En organisant de grandioses festivités pour ce 60e anniversaire, le président, Alpha Condé, a voulu replacer les choses dans leur contexte : si Sékou Touré a été considéré par Paris comme un ennemi de la France pour avoir choisi une indépendance « totale » de son pays, il n’était pas l’ennemi de l’Afrique et des Africains, ou des autres pays occidentaux (le voir sur notre photo avec le président John F. Kennedy le 10 octobre 1962 à Washington). Au contraire, son esprit panafricaniste devrait en inspirer plus d’un sur le continent.
Dans le modeste stade du 28 septembre de Conakry, lieu qui abritait les cérémonies, pas une place n’était vide. Les Guinéens ont voulu marquer ce moment pour faire ressortir des symboles forts. Des portraits de panafricanistes triés sur le volet ornait les lieux. On pouvait voir ceux de Haïlé Sélassié, l’ancien négus éthiopien qu’on appelait « le roi des rois » « le lion des lions », le Tanzanien, Julius Nyerere, le mwalimu (l’instituteur), le Sud-Africain, Nelson Mandela (Madiba), mais aussi, son compatriote, Oliver Tambo, qui conduisit l’ANC (invitée aux cérémonies) à la victoire sur l’apartheid, l’Algérien, Ahmed Ben Bella, l’Egyptien, Abdel Gamal Nasser, le Congolais, Patrice Emery Lumumba, le Ghanéen, Kwame N’Krumah, le Zimbabwéen, Robert Mugabe affectueusement appelé « Camarade Bob », et quelques autres. Mais, pour des raisons qu’on ignore, il n’y avait point de portrait du Burkinabé, Thomas Sankara, ni de celui du Camerounais, Ruben Um Nyobe ou même de son camarade de lutte, Félix Moumié, dont le cimetière camerounais de Conakry abrite, encore, la dépouille. On comprend (peut-être) que les autorités ne pouvaient pas mettre tout le monde, ce qui montre la richesse du mouvement panafricaniste sur le continent.
Plusieurs chefs d’Etat se sont déplacés à cet effet : venus de loin, le Congolais, Denis Sassou-Nguesso, le Gabonais, Ali Bongo Ondimba, et le Tchadien, Idriss Déby Itno, ont, valablement, représenté l’Afrique centrale, sans oublier, la candidate au secrétariat général de l’Organisation internationale de la Francophonie, la cheffe de la diplomatie rwandaise, Louise Mushikiwabo.
Presque tous les chefs d’Etat de l’Afrique de l’Ouest étaient présents sauf ceux de Côte d’Ivoire, du Bénin, du Nigeria, de la Sierra Léone, de la Gambie et de la Guinée Bissau. Ont tenu, donc, à marquer leur amitié à leur frère, Alpha Condé, le Togolais, Faure Gnassingbé, le Ghanéen, Nana Addo-Akufo (qui après la cérémonie n’a plus traîner à Conakry, la première dame des Etats-Unis Melanie Trump ayant débarqué ce matin à Accra où elle compte rencontrer ce jour-même le président ghanéen), le Sénégalais, Macky Sall, le Nigérien, Mahamadou Issoufou, le Malien, Ibrahim Boubacar Keïta, le Burkinabé, Roch Marc Christian Kaboré et le Mauritanien, Mohamed Ould Abdel Aziz. Une belle brochette de chefs d’Etat, qui a rendu hommage à Ahmed Sékou Touré et aux nationalistes africains, à l’invitation de leur frère, Alpha Condé, pour la commémoration du 60e anniversaire de l’indépendance de la Guinée, ce qui montre que l’image du président Condé auprès de ses pairs africains est au beau fixe, malgré les coups que lui porte l’opposition qui du reste, a boycotté les cérémonies de ce grand jour. Ou plus exactement, ne s’est pas associée aux festivités du gouvernement.