PECHE AU MAROC : La Russie va-t-elle profiter des déboires de l’Union européenne pour gagner le marché ?

Date

Avec l’arrêt du Tribunal de l’Union européenne annulant les accords de pêche (et agricoles) entre le Maroc et le Bloc des 27, un trou de 208 millions d’euros guette les caisses de Rabat. En effet, ce montant correspond aux recettes que percevait le Maroc dans le cadre de cette entente de quatre ans renouvelables, moyennant la présence dans ses eaux de 128 navires européens. Pas moins.

Au-delà de l’atteinte à sa souveraineté qu’il a immédiatement décriée, le royaume chérifien a une équation financière à résoudre. Plusieurs médias sous-entendaient qu’il s’était aussitôt tourné vers la Russie pour vite rebondir, alors que les deux partenaires s’étaient entendus longtemps avant la décision de la CJUE (Cour de justice de l’Union européenne) pour proroger un accord du même type les liant déjà.

Les bateaux de pêche en Afrique de l’Ouest qui pêchent de moins en moins sur leurs côtes à cause des bateaux pilleurs européens et chinois.

Sans oublier que le partenariat halieutique avec Moscou est considérablement moins juteux pour Rabat, puisque sa redevance ne s’élève qu’à 50 euros par tonne, de loin inférieur aux 520 euros par tonne facturés à Bruxelles. Ce qui signifie que seule une réévaluation du prix de la tonne permettrait au Maroc de retomber sur ses pattes en ne traitant qu’avec les Russes.

Echantillon de la pêche espagnole sur les côtes africaines.

Il est certain que les équipes du roi, Mohammed VI, ont dû apprécier les discours de soutien des Etats membres suite au verdict de la CJUE. Mais, les mots n’ayant aucune valeur pécuniaire, le Maroc attend de recevoir des propositions bilatérales avec les principaux pays importateurs de l’UE, afin d’éviter de servir de dommage collatéral aux divisions au sein de l’UE.

Paul-Patrick Tédga

MSc in Finance (Johns Hopkins University – Washington DC)

Envie d’accéder aux contenus réservés aux abonnés ?

More
articles

×
×

Panier