Alors que l’Afrique du Sud peine à relancer ses opérations portuaires, la Tanzanie poursuit sa course pour réduire l’écart qui la sépare avec le membre fondateur des BRICS, et s’imposer comme une alternative crédible en termes de hub portuaire dans la partie australe du continent. Pour parvenir à ses fins, l’Etat tanzanien a décidé, l’année dernière, de joindre ses forces avec la société émiratie, DP World, dotée d’une solide expertise et capacité financière.
Bien que critiqué par l’opposition tanzanienne, pour des raisons de perte de souveraineté, ce partenariat, qui incluait des investissements de l’ordre de 250 millions de dollars sur 5 ans, porte déjà ses fruits, puisque le Port de Dar es Salaam a plus que doublé ses capacité logistiques mensuelles, les faisant passer de 12 000 à 27 000 containers en moyenne. Parallèlement, le délai logistique, qui, en début d’année, était de 46 jours, en moyenne, a, désormais, chuté à une semaine.
Côté recettes, le Port de Dar es Salaam (notre photo) aurait collecté, environ, 120 millions de dollars sur la seule période allant d’avril à septembre 2024, selon le ministre de la Planification et des Investissements, Pr. Kitila Mkumbo. Ces entrées servent, déjà, à financer des infrastructures visant à accroître la productivité du port, via l’entretien des équipements et l’extension de certaines activités logistiques, et se rapprocher de la capacité moyenne sud-africaine de 50 000 containers.
Avec autant de voyants au vert, la Tanzanie est bien partie pour rivaliser avec l’Afrique du Sud dans l’industrie portuaire, même si elle est indirectement aidée par les blocages judiciaires qui retardent le plan de reprise du Port de Durban, développé par le gouvernement sud-africain. En effet, une première décision de justice a remis en cause le choix de Pretoria d’ICTSI, la société déclarée vainqueure, en mars dernier, de l’appel d’offres lancé par les autorités sud-africaines.
Port de Durban.
Un deuxième arrêt de la Haute Cour de KwaZulu-Natal devrait statuer sur la validité de la victoire controversée d’ICTSI ou si celle-ci doit plutôt revenir à APM Terminals, la partie plaignante. Cette affaire reflète la mauvaise gouvernance à l’origine de la crise logistique sud-africaine, qui avait infligé une défaite historique à l’ANC lors des dernières élections législatives. Malgré les promesses de réformes annoncées, on constate que rien n’a changé car les mêmes sont toujours au pouvoir.
Paul-Patrick Tédga
MSc in Finance (Johns Hopkins University – Washington DC)