Le Tchad a fixé un nouvel ultimatum pour le retrait total des forces françaises de son territoire. Le désengagement a débuté à un rythme tellement lent qu’il est insoutenable pour le Tchad qui souhaite, vite, tourner la page. Pour accélérer le processus, N’Djamena a demandé que l’armée française boucle son départ au plus tard le 31 janvier 2025. Celle-ci comptait traîner jusqu’à fin mars 2025, au mieux des cas. Le Tchad ayant signifié son impatience, le « partenaire traditionnel » pour ne pas dire « historique » va se hâter très vite conformément aux desiderata du gouvernement tchadien.
La rupture est donc totale. La fin d’une histoire d’amour (amour vraiment ?) entre la France et le Tchad ! Après avoir dénoncé l’accord de défense liant les deux pays début novembre, le Tchad vient d’enfoncer le clou : l’armée française est priée de boucler son départ d’ici le 31 janvier 2025. A N’Djamena, on veut passer à autre chose.
On comprend difficilement le rôle joué par l’armée française, ces dernières années, pour justifier sa présence au Tchad. Une quarantaine de morts lors de la dernière attaque organisée par Boko Haram (dont la France nous dit-on serait un mentor) alors que l’armée tchadienne avait demandé une couverture aérienne de l’armée française qui lui a été refusée. Comment justifier un tel partenariat auprès du peuple tchadien qui s’offusquait déjà que cette même armée française, n’ait pas su (pu ou voulu) empêcher l’attaque des rebelles qui conduisit à l’assassinat du premier maréchal du Tchad en 2021 ?
Ce qui est reproché à l’armée tchadienne l’est aussi au Mali où les attaques répétées des djihadistes avaient rarement été empêchées grâce à la présence militaire française dans les mêmes zones de combat. A quoi servirait-il de maintenir un partenariat dont les effets sont si désastreux pour les troupes locales ? Au Mali, le général 5 étoiles-président, Assimi Goïta, a conclu à l’inutilité d’un tel partenariat et a changé de fusil d’épaule en faisant appel à la Russie.
Au Tchad, le maréchal-président, Mahamat Idriss Déby Itno (MIDI), s’est résolu à la même évidence en mettant fin au très long partenariat avec la France et en signant avec la Russie.
Pour justifier la décision du Tchad d’exiger le retrait des forces françaises, MIDI a expliqué que la présence militaire française était devenue obsolète. Comme tout observateur neutre l’aura observé.
Autre exemple de l’inutilité des forces américaines au Niger : la très performante base aérienne de Oncle Sam, dans le Nord du Niger, avec sa grande capacité de projection satellitaire n’arrivait jamais (ou plus exactement ne voulait pas) à empêcher des attaques djihadistes contre l’armée du Niger alors que celle-ci en avait toute la capacité. L’information était, souvent, gardée secrète afin d’affaiblir l’armée nigérienne qui a fini par comprendre qu’un tel partenariat était contreproductif pour Niamey. Résultat, la fermeture de la base américaine a été exigée et obtenue.
Pour revenir au Tchad, le retrait de la France s’est fait trop tardivement car la vie du premier maréchal aurait été, peut-être, épargnée si la décision avait été prise à temps. Cette prise de décision tardive pourrait expliquer la formation de métastases françaises au sein du gouvernement tchadien et de l’armée susceptibles de faire mal à tout moment. Autrement dit, que le jeune maréchal prenne bien soin de sa sécurité personnelle. Le karma ne s’est peut-être pas encore exécuté et qu’on ne pense, surtout, pas à une victoire avec le départ de cette armée et la fermeture de sa base. Actuellement, le pouvoir au Tchad est assis sur quelques groupes qui se regardent en chiens de faïence. Cela n’est jamais bon pour la sérénité au sein de la troupe.