Le Conseil constitutionnel (notre photo) a gardé en haleine le Cameroun entier, toute la journée du lundi, 22 octobre, pour proclamer les résultats de l’élection présidentielle du 7 octobre. Sans surprise, le candidat sortant, Paul Biya, a remporté le scrutin avec 71,28% des voix. Maintenant le combat se transpose ailleurs : enrayer la menace de déstabilisation qui guette le Cameroun et qui n’est pas une mince affaire.
Paul Biya, qui briguait à 85 ans un septième mandat présidentiel consécutif à la tête du Cameroun, va, donc, rempiler pour 7 ans.
Les autres postulants sont à des années lumière derrière lui. Le deuxième du lot, Maurice Kamto, qui avait revendiqué la victoire dès le lendemain du scrutin (espérant une insurrection populaire favorisant sa cause) avant de se rétracter en demandant l’annulation de l’élection dans certaines provinces dont celles du Sud-Ouest et du Nord-Ouest, a obtenu 14,23%. L’écart avec le premier ne crédibilise pas son argument de « fraudes massives », qui auraient empêché sa victoire. Le candidat du MRC devra continuer à travailler dur s’il veut avoir une chance à la prochaine présidentielle : Paul Biya aura alors 92 ans. Si Dieu lui prête vie, et on n’a pas besoin de faire Sc-Po pour le savoir, il n’y a pas de raison qu’il prenne sa retraite. Il sera candidat. Et la même situation pourrait, facilement, se reproduire.
Candidat prometteur, le jeune Cabral Libii a obtenu 6,28% clôturant le podium de cette présidentielle. Son principal défi sera de se maintenir en haut de l’affiche pendant sept ans. D’autres avant lui n’y sont pas parvenus en dehors des vétérans Garga Adji et Adamou Ndam Njoya.
Paul Biya a obtenu des soutiens inattendus pendant cette campagne, qui se recrutent, parfois, parmi ses thuriféraires de l’opposition. En fait, le Cameroun (et c’est là où Maurice Kamto devra tôt ou tard clarifier ses soutiens notamment aux Etats-Unis et en France au risque de voir sa popularité écornée) fait face à une déstabilisation de certains lobbys qui ne cachent plus leur souhait de rependre en main ce pays en passe de leur échapper. C’est donc dire que malgré le fait qu’il est accusé de retarder le Cameroun, Paul Biya a, néanmoins, réussi une prouesse : faire reculer l’impérialisme occidental au Cameroun, ce qui fait qu’aujourd’hui, ces lobbys américains et français, notamment (il y en a d’autres en Grande Bretagne), cherchent à le recoloniser. Et pour y parvenir, ils surfent sur le mécontentement général des Camerounais, qui n’est plus un secret pour personne. Ces lobbys (qui financent déjà les Ambazoniens) voulaient empêcher l’élection dans les zones anglophones du Sud-Ouest et du Nord-Ouest. Ce qui les intéresse dans cette partie du Cameroun, ce n’est pas la cause des Ambazoniens, mais, c’est le pétrole contenue dans la presqu’île de Bakassi que le Cameroun avait réussi à obtenir, dans les années 2000, au terme d’un marathon judiciaire à la Cour internationale de justice de la Haye, auquel avait d’ailleurs pris part Maurice Kamto en tant que l’un des avocats de la partie camerounaise. On peut se demander ce qui lui aurait été promis pour qu’il refuse de voir les (vrais) enjeux qui se profilent derrière cette déstabilisation à laquelle le Cameroun fait face et qui est encore loin d’être enrayée.
Paul Biya, quand il est en difficulté, sait, parfois, s’appuyer sur le nationalisme de ses compatriotes : « Jamais un centimètre du Cameroun aux étrangers. Au grand jamais ! Biya n’a qu’à mettre 100 ans au pouvoir ». Traduction : On ne va pas s’associer aux ennemis de l’extérieur pour faire partir Biya. On le soutiendra jusqu’au bout (malgré ses 85 ans) jusqu’à ce qu’il ait raison de ses déstabilisateurs américains et français. Ce n’est qu’après cet épisode que nos querelles intérieures reprendront une fois le Cameroun sécurisé vis à vis des menaces extérieures.
Certains dirigeants de l’opposition (comme Banda Kani, Jean de Dieu Momo et d’autres) ayant appelé à soutenir le candidat du RDPC l’ont parfaitement compris, bien que beaucoup de Camerounais (la plupart du temps volontairement myopes) préfèrent caricaturer un tel geste en parlant de volonté de rallier les « mangeurs » du pouvoir. Le dire ou le penser, c’est avoir une courte vue de la réalité. Heureusement que le Cameroun, contrairement, à ce qu’on pensait, à l’étranger, donne la preuve qu’il compte sur une très bonne armée et de très bons services de renseignement, ce qu’il faut quand un Etat veut enrayer une menace extérieure certaine.