Plus de peur que de mal : ce matin du 8 octobre, les Camerounais ont raison de pousser un Ouf de soulagement. Car la peur est derrière eux. Les élections, de manière générale, se sont bien déroulées. Désormais, place aux résultats qui, disons-le tout net, ne réserveront aucune surprise car au Cameroun, comme ailleurs, en Afrique, le pouvoir en place n’organise pas les élections pour les perdre (notre photo montrant Paul Biya en train de voter à l’Ecole publique de Bastos à Yaoundé le 7 octobre à 12h10).
Au Cameroun, il y a ceux qui veulent le changement parce qu’ils suivent le mouvement sans trop savoir pourquoi. Il y en a qui ont des intérêts à préserver et qui veulent que rien ne change. Il y en a qui connaissent les enjeux et préfèrent s’allier avec des puissances extérieures pour terrasser le pouvoir local, sans trop savoir ce qu’une telle issue leur réserverait au lendemain de leur « succès ». Il y a encore des partisans du moindre risque qui veulent un changement mais dans la continuité. Il y en a qui veulent le renversement de la table sans aucune autre forme de procès … Bref, il y en a pour tous les goûts. C’est pourquoi la présidentielle du 7 octobre, c’était un peu le chacun pour soi pour chaque Camerounais. Même au sein d’un même parti, les visions ne se rejoignent pas toujours. Qui a dit que les principaux adversaires de Paul Biya sont (confortablement) logés au sein du RDPC, le parti qu’il fonda en 1985 ? C’est donc dire qu’au Cameroun, qu’on appartienne à un parti ou non, c’est chacun pour soi et Dieu pour tous. Tant qu’on ne voit pas midi à sa porte, on n’est pas content du régime.
La tension était au maximum la semaine précédant le vote, le président sortant, Paul Biya, contre toute attente, ayant annulé ses meetings à Buea, à Bamenda et même à Kribi où il était attendu pour inaugurer le port le plus profond de la côte ouest et centrale d’Afrique. Cela dit, personne n’a craint le pire car l’armée camerounaise, de manière globale, maîtrise, parfaitement, la situation. A la seule différence que contrairement aux régions de l’Extrême-Nord où Boko Haram qui vient du Nigeria et de l’Est où les Sélékas, qui viennent du Centrafrique, deux ennemis, facilement, identifiables, les Ambazoniens (zone anglophone), eux, sont des Camerounais à part entière dont, difficilement, identifiables. Ils peuvent se fondre, facilement, dans la foule pour commettre des forfaits. C’est le principal problème de l’armée camerounaise.
Maintenant que le plus dur est passé, il est souhaitable que le président de la République, Paul Biya, (dont la réélection est quasiment assurée) propose, rapidement, une réforme de la constitution avec la création d’un poste de vice-président de la République. Ainsi, en cas de vacance de pouvoir à la tête de l’Etat, le problème ne se posera pour personne : le vice-président assurera le relais jusqu’à la fin du mandat constitutionnel de son mentor empêché. Il y va de la stabilité future du Cameroun où on a l’impression que les Camerounais, à les écouter pendant cette campagne, ne sont pas contents du fonctionnement de leur pays. Ce problème, aussi, est un véritable obstacle à la paix sociale que les neuf candidats juraient (pourtant) de vouloir préserver.