C’est vraiment un sale temps pour l’Afrique. Le continent, malgré les efforts, reste, encore, sous l’emprise des anciennes puissances coloniales et assimilées. L’exemple le plus patent vient du Ghana, pays qui a vu naître le panafricaniste, Kwame N’Krumah, et qui vient de voir mourir, un digne fils appelé, ancien capitaine d’aviation, Jerry Rawlings. Mais, alors que ce pays, qui, traditionnellement, montre la voie à suivre à l’Afrique, il a, malheureusement, vu accéder au pouvoir, il y a 5 ans, l’avocat, Nana Akufo-Addo. Ce dernier est, en fait, un des piliers de la Françafrique, au sein de la CEDEAO, aux côtés de l’incontournable, Alassane Ouattara. La différence, c’est que lui ne se montre pas et ne fait pas de bruit. Il agit quand c’est opportun. Ouattara, au contraire, se veut le champion toutes catégories de la défense des intérêts français en Afrique noire. Il veut qu’on le sache et fait tout pour remplir cette mission. C’est d’ailleurs lui, qui avait montré l’intérêt au président français, Emmanuel Macron, de faire un tour au Ghana, lors de sa visite africaine, le 30 novembre 2017 (Sur notre photo, Macron avec Addo à Accra le 30 novembre 2017). Ce fut une grande première dans ce pays pour un chef d’Etat français. Macron y était-il allé pour faire du tourisme ? Que non ! Il y était allé pour adouber un nouvel allié de la Françafrique. Et en bon élève, Akufo-Addo a bien managé pour les intérêts de la Françafrique, l’élection présidentielle en Côte d’Ivoire fin octobre.
Certes, Nana Akufo-Addo ne mérite pas qu’on fasse du sabotage sur sa personne. Au moins lui, avait été, démocratiquement, élu, il y a 5 ans. Mais, ce n’est pas parce qu’il l’a été que ses manœuvres malsaines contre l’indépendance de l’Afrique, doivent passer sous silence. Toute l’Afrique a assisté à sa gestion calamiteuse et très orientée du dossier Côte d’Ivoire pendant l’élection du 31 octobre. Même la Guinée-Bissau n’aurait pas fait pire.
Président en exercice de la CEDEAO, il a fait, exactement, ce que font ses homologues dictateurs connus. C’est-à-dire, qu’il s’arrange à prendre la présidence de l’instance sous-régionale l’année où ils se présentent à l’élection présidentielle. Au Congo-Brazzaville où sera organisée une élection présidentielle au premier trimestre de 2021, Denis Sassou-Nguesso a, exactement, fait la même chose en s’arrogeant la présidence en exercice de la CEEAC (Communauté économique des Etats de l’Afrique centrale). Conséquence, il sera juge et partie lors du contentieux électoral qui, à coup sûr, sera au rendez-vous de cette présidentielle.
Au Ghana où Akufo-Addo a laissé une piètre image de sa personne lors de la présidentielle ivoirienne, ce sera du pareil au même. Contre John Dramani Mahama, il cherchera (si les Ghanéens lui laissent la voie libre) à tirer la couverture à lui, avec les soutiens des chefs d’Etat comme l’Ivoirien, Alassane Ouattara, à qui il vient de rendre un grand service. C’est d’ailleurs ce dernier qui finança sa campagne présidentielle, il y a 5 ans, pour battre justement Mahama, ce qui lui avait permis de devenir le président du Ghana : Nana Akufo-Addo est vraiment un président qui est là pour défendre les intérêts étrangers même si les présidents ghanéens généralement ne s’inscrivent pas dans cette tradition. Il est unique en son genre au Ghana.
Rappelons que les Ghanéens sont appelés aux urnes, lundi, 7 décembre, pour les élections législatives et présidentielle. Ils devront départager le président sortant, Nana Akufo-Addo, de son rival de toujours, John Mahama. C’est la troisième fois en 10 ans que la présidentielle oppose les deux hommes.
Disons-le tout net, pour certains chefs d’Etat de la CEDEAO comme Alassane Ouattara, John Dramani Mahamat ne serait pas le bien (re)venu. Ils préfèrent continuer à fonctionner avec Nana Akufo-Addo avec qui ils parlent le même langage. Il est leur girouette.
Mais, faisons confiance à la démocratie ghanéenne qui n’a rien à voir avec la mascarade électorale qu’on vient de vivre en Côte d’Ivoire et qui a été, fortement, saluée par le Français, Emmanuel Macron. Espérons que les Ghanéens feront honneur au panafricanisme dont ils sont des co-initiateurs.
Agé de 76 ans, Nana Akufo-Addo, candidat pour le Nouveau parti patriotique (NPP), brigue un second mandat face à son prédécesseur, John Dramani Mahama, 62 ans, leader de l’opposition, du Congrès national démocratique (NDC).