Question au dictateur : « Quand allez-vous refaire fonctionner les télécommunications » ? Réponse du dictateur : « Les communications vont être ouvertes tout à l’heure » (puisque mon hold up est, déjà, consommé). Parole non tenue puisque plus de dix heures, après, on attend, toujours, que internet et le téléphone fonctionnent, à nouveau.
Sassou Nguesso a crié victoire cette nuit. Il a eu tout faux car c’est maintenant que ses problèmes vont commencer. Sa sortie politique risque d’être pire que celle de son ami Blaise Compaoré.
Hier, nous annoncions que « Les candidats signataires de la Charte de l’opposition pour la victoire (Mokoko, Kolelas, Okombi, Mabiala et Munari) sont déterminés à faire respecter le résultat des urnes et demandent à la population d’être vigilante, mobilisée et à l’écoute de leur mot d’ordre » (afriqueeducation.com du 23 mars à 17h34). Quelques heures après la « forfaiture » de Sassou Nguesso, de cette nuit, le général, Jean Marie Michel Mokoko (notre photo), sorti premier du scrutin, d’après le décompte effectué par la CENI de l’opposition dirigée par Charles Zacharie Bowao, a lancé la désobéissance civile, en des mots très forts : « Sassou Nguesso n’a pas gagné cette élection. Il est même très loin derrière les principaux candidats de l’opposition. Il est donc impossible qu’il soit élu dès le premier tour comme il vient de l’annoncer ».
En effet, afriqueeducation.com (22 mars à 18h06) avait publié les tendances lourdes de la CENI de l’opposition qui donnait Mokoko, premier, sur les neuf candidats, avec 28,9%. Sassou venait en 7e position avec, seulement, 3,4%. Nous disons bien 3,4% ! Ce score ne doit nullement étonner. Sassou est très (très très) impopulaire au Congo. Même un chien errant de Makélékélé pourrait le battre à une élection car les populations ne l’éliraient jamais.
Le score de Sassou est à l’opposé de celui donné par la CENI de Bouka qui est à la solde du pouvoir, et qui proclame le dictateur, gagnant avec 60,39%. C’est comme si les deux CENI avaient compilé les résultats de deux élections, diamétralement, différentes. Il y a, donc, incontestablement, problème. Et ce problème se trouve au niveau de la CENI de Bouka, dont les manœuvres ont éloigné Washington, Bruxelles et l’Organisation internationale de la Francophonie, qui ont, tous, refusé d’envoyer des observateurs, au Congo, pour ne pas cautionner la fraude de Sassou que tout le monde voyait venir. Une fraude, d’un autre temps, tellement, grossière, qu’elle a privé le pays tout entier de téléphone et d’internet, pendant 5 jours, et ce n’est pas fini.
Il faut prier Dieu pour le Congo. Ce beau pays que le dictateur a fini par rendre laid. Sassou qui est venu au pouvoir, en 1997, par un coup d’état militaire d’une violence sans précédent (des milliers de morts), en chassant un chef d’Etat démocratiquement élu, le professeur Pascal Lissouba, est, résolument, dos au mur. Il sait que sa fin (politique) est proche, et que le compte à rebours de sa chute a d’ores et déjà commencé.
Les Congolais sont invités (par le général Mokoko) à rester chez eux. Tranquillement chez eux. Sassou et son petit clan de « profito-situationnistes » n’a qu’à faire tourner, tout seul, l’administration et toute l’économie du pays. On va voir comment il va tenir ce pouvoir usurpé.
Ancien chef d’état major des armées congolaises, Jean Marie Michel Mokoko s’est, aussi, adressé à ses frères d’armes, appelés à effectuer le bon choix, celui de l’avenir d’un Congo débarrassé de son dictateur : « Nous sommes une force républicaine, nous avons des devoirs et des obligations à l’endroit de notre peuple que nous avons pris pendant la Conférence nationale souveraine de 1991 ». Traduction : l’armée congolaise n’est pas là pour servir un dictateur qui opprime son peuple, mais, son devoir c’est, au contraire, de libérer ce peuple de l’oppression du dictateur.
Mokoko qui commence à recevoir des échos favorables de certains de ses frères d’armes (mouvement qui serait en train de s’amplifier) a demandé à des observateurs neutres (non congolais de préférence) de procéder, tranquillement, sans pression, au ré-comptage des bulletins.Autour d’une table, dans la paix. C’est bien la preuve que celui qui veut apporter les troubles au Congo, c’est bien (« l’homme de paix ») Sassou Nguesso, qui refuse tout ré-comptage, se réfugiant derrière le décompte de la CENI de Bouka à sa solde.