Ce n’est pas demain la veille que le dictateur recevra, sur sa table de travail, les félicitations des Etats-Unis, de l’Union européenne, de l’Organisation internationale de la francophonie, de la France ou de l’Union africaine, pour avoir gagné la présidentielle du 20 mars. La gamelle que vient de recevoir Jean-Claude Gakosso qui s’y essaie en diplomatie, depuis quelque mois, montre que Denis Sassou Nguesso a de quoi se faire des soucis. De réels et gros soucis. En effet, la présidente de la Commission de l’Union africaine (UA), Xhosazana Dlamini-Zuma, a, éconduit (il n’y a pas d’autres mots), Gakosso à l’issue de la réunion qu’elle a organisée, pour lui dire tout le mal qu’elle pensait de la tenue de la présidentielle au Congo. L’organisation de cette élection a été tellement décriée, que les 30 observateurs de l’UA ne pouvaient même pas se téléphoner et encore moins communiquer entre eux par sms. « C’est tout simplement incroyable qu’on puisse encore tenir les élections de cette façon en Afrique », a martelé la présidente de la Commission. Conséquence : Venu renouer le contact (diplomatique) avec elle, après avoir réalisé ce forfait électoral, l’envoyé spécial du dictateur à Addis Abeba a dû rebrousser chemin, illico presto, afin de passer le message et inviter son mentor à revoir sa stratégie. Du coup, son voyage qui devait se poursuivre aux Nations-Unies, à Washington (Département d’Etat et Institutions de Bretton Woods), à Bruxelles (Union et Commission européennes) et à Paris (OIF et Quai d’Orsay), a été (tout simplement) reporté à une date ultérieure.
A Bangui où il était parti représenter François Hollande à l’investiture du professeur, Faustin Archange Touadera, le nouveau chef de la diplomatie française, Jean-Marc Ayrault, a eu, de son côté, des mots, particulièrement, durs sur l’élection présidentielle qui vient de se dérouler au Congo-Brazzaville. Et de façon générale, il a condamné « ces chefs d’Etat qui restent des décennies au pouvoir, et changent les constitutions au moment de partir, pour bien rester ». Allusion, clairement, faite au dictateur de Brazzaville qui était, à ce moment précis, présent, lui aussi, à Bangui, à l’investiture du nouveau président Touadera. Le désavoeu du ministre français des Affaires étrangères est total à l’endroit de Sassou et en droite ligne de la sévère condamnation de cette élection par le parti socialiste français dont il est un des ténors.
En attendant le (très) prochain mot d’ordre des deux plateformes de l’opposition (IDC et FROCAD) qui doivent, incessamment, recevoir le soutien de la société civile et des ONG, c’est bientôt tout le Congo qui va se mettre en mouvement. Le dictateur, qui, pour sauver son fauteuil, a menacé de renvoyer de la fonction publique, tous les fonctionnaires qui refusent d’aller au travail, n’a qu’à bien se tenir.