« PDCI-Renaissance », voilà le nom donné par les Ouattaristes à cette machine à broyer le PDCI-RDA de l’intérieur. En avant, les ministres PDCI membres du gouvernement qui, pour le moment, refusent de choisir l’un des deux camps, et qui, surtout, préfèrent rester au gouvernement où ils bénéficient de beaucoup de privilèges. Une sorte de corruption version Ouattara (formé au FMI) qui ne dit pas son nom mais dont les effets risquent d’être détestables pour Henri Konan Bédié, qui résiste, pour le moment, tant bien que mal, au rouleau compresseur du pouvoir exercé par son ex-allié, mais, pour combien de temps encore ?
On n’a pas besoin de faire Sc-Po pour comprendre que c’est le président de la République, Alassane Ouattara, qui est, lui-même, à la manœuvre. Objectif : broyer les velléités d’indépendance de son ex-allié, Henri Konan Bédié, qui cherche à se positionner pour gagner (pour le compte du PDCI-RDA), l’élection présidentielle de 2020. Le problème que personne n’entend mettre, pour le moment, sur la place publique est simple : pendant cette présidentielle, Ouattara (qui compte contourner la constitution) sera candidat pour la troisième fois consécutive pour le compte du RHDP. Son discours en faveur de la jeunesse qui doit prendre la relève politique, compte pour du beurre. Il a, suffisamment, créé de division au sein des Houphouétistes pour être, en 2020, le seul recours possible susceptible d’assurer la victoire dans son camp politique. Autrement dit, Ouattara joue pour rester au pouvoir en faisant semblant de vouloir le quitter. Un grand maître des échecs à la russe !
En face, l’ex-allié, Henri Konan, Bédié, qui croyait avancer masqué pour déclarer, au dernier moment, sa propre candidature à la présidentielle de 2020. Ouattara n’est pas de cet avis. Il craint le retour de l’ivoirité ou de son cousin germain, la disgrâce des Dioula et assimilés. Bédié, qui a de la suite dans les idées sachant Ouattara minoritaire sans l’appui du PDCI (en entier), est allé pour assurer ses arrières, chercher des appuis au FPI (toutes tendances confondues), mais, aussi et surtout, auprès des Soroistes du RDR, ce qui affaiblit le camp présidentiel. Bien que Guillaume Soro, le président de l’Assemblée nationale, ne sache pas encore s’il sera candidat à cette élection ou pas, Ouattara, très futé, a tôt fait de lancer la division au sein du PDCI, la même division que Bédié semble créer en se rapprochant de la tendance du vice-président du RDR, Guillaume Soro.
La politique en Côte d’Ivoire est, donc, simple à analyser : Alassane Ouattara redoute le retour au pouvoir d’Henri Konan Bédié. Mais, la vengeance étant un plat qui se mange froid, les Ivoiriens pourraient connaître de grandes surprises.
Pratiquement, tous les membres du gouvernement et le gouverneur du District d’Abidjan, Robert Beugré Mambé, ont pris part à la division du PDCI-RDA à travers le lancement du PDCI-Renaissance sous la présidence du vice-président PDCI de la Côte d’Ivoire, Daniel Kablan Duncan. En plus des centaines de militants convoyés de partout, des secrétaires de section, membres du Bureau politique du PDCI, membres du grand conseil des sages, délégués et élus du PDCI ont effectué le déplacement. Au nombre des ministres, Patrick Achi, Siandou Fofana, Abinan Pascal, Eugène Aka Aouellé, François Albert Amichi, Richard Donwahi, Raymonde Goudou, Anoblé Félix, et même, Laurent Dona Fologo qui n’est pas ministre, étaient présents (notre photo). Seul absent, le ministre, Adjoumani Kobenan Kouassi, président du premier mouvement dissident au PDCI dénommé « Sur les traces d’Houphouët-Boigny ». La seule différence, c’est que contrairement au ministre Adjoumani qui déclare adhérer pleinement au RHDP unifié, Daniel Kablan Duncan et les autres ministres PDCI ont, plutôt, servi, pour le moment, un discours clair obscur à la nation. Du Ouattara tout craché qui aime avancé masqué ! Mais, au sein même du pouvoir RHDP, étroitement, contrôlé par Alassane Ouattara, des résistances se font jour. Après la démission du ministre, Thierry Tanoh, il y a quelques jours, qui a refusé de choisir le parti RHDP (préférant rester au PDCI et au chômage), c’est au tour du président du Conseil économique social, environnemental et culturel (CESEC), Charles Diby Koffi, et de l’ancien premier ministre et actuel président du Sénat, Jeannot Ahoussou Kouadio, de dire Niet au PDCI-Renaissance, qui sent la déstabilisation du parti sexagénaire à fond la caisse.
Les grandes manœuvres de la présidentielle de 2020 ont, donc, commencé en Côte d’Ivoire. On ne tardera pas à savoir, dans les prochains mois, de Ouattara et Bédié, lequel des deux est le véritable maître en politique dans ce pays, en l’absence de Laurent Gbagbo qui risque d’être hors course, ce qui serait de nature à désavantager Alassane Ouattara.