PRESIDENTIELLE EN COTE D’IVOIRE : Ce que l’opposition a dit à la CEDEAO/UA/ONU lors de leur rencontre

Date

Shirley Ayorkor Botchway, ministre des Affaires étrangères et de l’Intégration régionale de la République du Ghana, présidente du Conseil des ministres de la CEDEAO, cheffe de délégation, Mohamed Ibn Chambas, représentant spécial du secrétaire général de l’ONU, chef du Bureau de l’ONU pour l’Afrique de l’Ouest et le Sahël, le commissaire Paix et Sécurité de la CEDEAO, et leurs collaborateurs ont, longuement, rencontré l’opposition, mardi, 6 octobre. L’opposition n’a pas mâché ses mots : elle n’ira pas aux élections avec Alassane Ouattara comme candidat. Non seulement, il devra se retirer, mais, il devra accepter l’enrôlement des candidats recalés dont Laurent Gbagbo, Guillaume Soro, Mamadou Koulibaly, Albert Mabri Toikeusse, Amon Tanoh et les autres. L’opposition exige, aussi, la dissolution de la Cour constitutionnelle et de la CEI (aux ordres du « menteur d’Abidjan » (Alassane Ouattara)), ainsi que, la révision du Code électoral et la refonte de la liste électorale, entre autres. Voici ce que le président de EDS, le professeur, Georges-Armand Ouegnin a, précisément, indiqué à la délégation au nom de l’opposition dans son ensemble.

1. L’Opposition politique ivoirienne salue votre présence en terre ivoirienne et vous remercie pour tous les efforts soutenus que vous déployez en faveur de la paix en Côte d’Ivoire. En effet, il y a seulement deux semaines que SEM Mohamed Ibn Chambas conduisait en Côte d’Ivoire une première délégation de haut niveau de l’Organisation des Nations-Unies (ONU), à la suite de la répression violente et sanglante des manifestations pacifiques de protestation consécutives à la déclaration de candidature pour un troisième mandat anticonstitutionnel de monsieur Alassane Dramane Ouattara, chef de l’Etat sortant.
L’opposition ivoirienne, qui s’est constamment montrée responsable et constructive, est amère et hautement préoccupée face à un chef de l’Etat qui n’a jamais vraiment voulu la réconciliation nationale mais a plutôt choisi la violence pour tenter de soumette l’opposition et le peuple de Côte d’Ivoire à qui il veut maintenant imposer un troisième mandat anticonstitutionnel.

2. Les manifestations pacifiques et légitimes contre ce troisième mandat ont été réprimées dans le sang par les forces de l’ordre, aidées par des miliciens du RHDP appelés « microbes », armés de gourdins et de machettes. Le bilan de cette barbarie du régime RHDP fait état de plus d’une vingtaine de morts, de nombreux blessés graves, de destructions massives de biens publics et privés.
3. Ces violentes répressions ont été accompagnées par de nombreuses interpellations et des enlèvements, avec à la clé, l’incarcération d’une soixantaine de manifestants, de nombreux responsables de l’opposition et de la société civile, notamment, Madame Pulchérie Gbalet de l’ACI, Madame Anne Marie Bonifon de GPS et, plus récemment, Monsieur Koua Justin, secrétaire général-adjoint du FPI.
Tous ces actes, constituent des atteintes aux droits humains et aux libertés publiques. Source potentielle d’affrontement fratricide, ils suscitent une réelle psychose au sein de la population et compromettent gravement l’organisation d’élections apaisées.

4. C’est dans ce contexte de tension sociopolitique, qui fait planer un réel péril sur la Côte d’Ivoire, qu’est intervenue la décision N° CI- 2020-EP-009/14-09/SG du 14 septembre 2020 du Conseil Constitutionnel, portant publication de la liste définitive des candidats à l’élection présidentielle du 31 octobre 2020. Cette décision qui a arbitrairement déclaré irrecevable au mépris de leur droit constitutionnel les candidatures de quarante (40) postulants sur quarante-quatre (44), au lieu de contribuer à l’apaisement des tensions, a ravivé les désaccords sociopolitiques. Parmi les candidatures rejetées figurent notamment celles du président, Gbagbo Laurent, du président, Koulibaly Mamadou, du président, Soro Kigbafori Guillaume, des Ministres, Gnamien Konan, MabriToikeusse Albert Abdallah et Amon Tanoh Bénoit Marcel.

5. Tout cela n’est pas de nature à rassurer les partis et groupements politiques de l’opposition ainsi que toutes les autres parties prenantes, sur la suite du processus électoral, notamment, sur la capacité du juge constitutionnel à proclamer des résultats sincères et conformes aux votes, à l’issue du scrutin présidentiel du 31 octobre 2020.

6. Dans ce contexte délétère, il convient de condamner fermement et sans équivoque toutes les dérives dictatoriales qui consistent à violer la constitution sans état d’âme sacrifiant ainsi, sur l’autel d’intérêts égoïstes, l’unique socle de nos nations multiculturelles en construction.

7. L’Opposition ivoirienne, consciente de son rôle historique pour la restauration des acquis démocratiques confisqués et dévoyés par Monsieur Alassane Dramane Ouattara, n’a eu de cesse de réclamer l’ouverture d’un dialogue sur le cadre légal et institutionnel des élections en Côte d’Ivoire.

8. Lorsqu’en janvier 2019, sous la pression de l’opposition et de la société civile, mais aussi, de la Cour africaine des droits de l’homme et des peuples, le pouvoir RHDP a enfin consenti à l’ouverture de ce dialogue autour de la Commission électorale indépendante (CEI), c’était pour opérer un passage en force, malgré les bonnes dispositions de l’Opposition qui avait fait, dès l’entame desdites discussions, des propositions concrètes. La conséquence est une CEI profondément déséquilibrée et contrôlée par le pouvoir à plus de 80% au niveau de la commission centrale et à plus de 96% au niveau des commissions locales. Depuis lors, c’est de bon droit qu’un tel organe de gestion des élections est récusé par l’opposition, la société civile, une large frange de la population et la Cour africaine des droits de l’homme et des peuples.

9. S’agissant des discussions pour un Code électoral consensuel en janvier 2020, elles connaitront le même sort. En effet, suite à un arrêt brutal et unilatéral desdites discussions, le chef de l’Etat, alors qu’aucune loi d’habilitation ne l’y autorisait, a fait promulguer par ordonnance, un Code électoral taillé sur mesure ! Les travaux préparatoires des élections entrepris par la CEI et le Conseil constitutionnel, sur la base de ce code électoral, seront scandaleusement bâclés, avec à l’arrivée :

– Une liste électorale comportant plus de trois millions d’inscriptions irrégulières ;
– La radiation téléguidée du président, Gbagbo Laurent, du président, Soro Kigbafori Guillaume, et du ministre, Blé Goudé Charles, de la liste électorale ;
– L’élimination arbitraire par le biais du système de parrainage de quarante (40) candidatures sur quarante-quatre (44) avec la validation dans le même temps de la candidature illégale et anticonstitutionnelle de Alassane Dramane Ouattara. Il apparaît ainsi que le Conseil Constitutionnel et la CEI sont totalement instrumentalisés et aux ordres, donc, disqualifiés pour gérer le processus en cours.

10. Depuis le 15 juillet 2020, la Cour africaine des droits de l’homme et des peuples (CADHP), a ordonné à l’Etat de Côte d’Ivoire de « Procéder avant toute élection à la réforme du Bureau central de la CEI en permettant à l’opposition et aux organisations de la société civile d’y désigner librement leurs représentants et de reprendre avant toute élection les élections au niveau des CEI locales ». Cette ordonnance, tout comme celles en date des 15 et 22 septembre 2020 qui enjoignent le pouvoir d’Abidjan d’inscrire les noms du président, Gbagbo Laurent, et du président, Soro Kigbafori Guillaume, sur la liste électorale d’où ils n’auraient jamais dû disparaître, sont ignorées avec mépris à ce jour.

11. L’Opposition ivoirienne a montré depuis le début toute sa bonne foi pour participer à toutes les élections organisées en Côte d’Ivoire. C’est pourquoi, elle est disposée à prendre une part active à tout dialogue sur les élections en Côte d’Ivoire, à l’effet d’obtenir un cadre légal et institutionnel consensuel pour des élections démocratiques, justes, transparentes, inclusives et ouvertes à tous. Elle ne saurait accepter, ni aujourd’hui, ni demain, la violation de la Constitution ivoirienne.

12. Réitérant ses remerciements à la délégation conjointe de l’ONU/UA/CEDEAO/CE (notre photo), l’Opposition ivoirienne tient à rappeler que si la Communauté internationale veut remettre la Côte d’Ivoire sur les rails de la démocratie, que son aide soit franche, sincère et que celle-ci s’inscrive dans le respect de la Charte de l’Union africaine et du Protocole A/SP1/12/01 sur la démocratie et la bonne gouvernance au protocole additionnel relatif au mécanisme de prévention, de gestion, de règlement des conflits, de maintien de la paix et de la sécurité de la CEDEAO.

L’Opposition ivoirienne rappelle qu’elle souhaite participer à l’élection du 31/10/2020 à la condition que le scrutin prenne en compte :

– Le retrait du Code électoral actuel

– Le retrait de la candidature de Monsieur Alassane Dramane Ouattara à l’élection présidentielle du 31 octobre 2020, qui est au terme de son deuxième mandat, pour se conformer ainsi à la Constitution qui lui interdit de briguer un troisième mandat ;

– La dissolution du Conseil Constitutionnel actuel en vue de la mise en place d’une juridiction véritablement impartiale et qui s’attache à dire le droit, rien que le droit ;

– La dissolution de l’actuelle Commission électorale indépendante (CEI) en raison de son inféodation évidente au régime RHDP et la mise en place d’un organe électoral consensuel, véritablement indépendant et impartial, capable d’organiser des élections justes, transparentes et crédibles ;

– L’audit international de la liste électorale issue de l’enrôlement de juin-juillet 2020 ;

– La libération de tous les prisonniers politiques, civils et militaires ;

– Le retour sécurisé de tous les exilés sur la terre de leurs ancêtres, conformément, à l’article 22 de la Constitution avec à leur tête le président, Laurent Gbagbo, le président, Soro Kigbafori Guillaume, le ministre, Blé Goudé Charles, et le maire, Akossi Bendjo Noël.

– La création d’une Commission d’enquête internationale pour faire le point sur toutes les tueries et les exactions commises par le régime du RHDP.

En tout état de cause, l’Opposition politique ivoirienne n’acceptera pas la violation de la Constitution de Côte d’Ivoire.

L’opposition ivoirienne n’acceptera pas que soient organisées des élections déjà annoncées comme étant « bouclées, gérées et calées « , surtout, que la CEI et le Conseil Constitutionnel ont donné un avant-goût édifiant du hold-up électoral en préparation.

La délégation CEDEAO/UA/ONU est-elle venue faire du tourisme en Côte d’Ivoire comme cela semble avoir été le cas à Conakry le mois dernier ? La délégation doit savoir qu’il n’y aura pas d’élection le 31 octobre en Côte d’Ivoire et que le « menteur d’Abidjan » qui voulait passer en force, ne le pourra point. Il aura en face de lui 20 millions d’Ivoiriens. Voire plus. L’opposition ne se prépare pas à aller aux élections, voilà pourquoi elle n’organisera aucun meeting. Elle se prépare plutôt à bloquer le pays et par tous les moyens. Ouattara qui réussit à i-n-f-a-n-t-i-l-i-s-e-r les Ivoiriens et les Ivoiriennes depuis bientôt 30 ans, va affronter, cette fois, leur réveil définitif. Plus jamais la soumission de ce grand peuple de paix devant cette indigne personne. L’élection qui va se tenir en Guinée (où on a réussi à diviser l’opposition) ne se tiendra pas en Côte d’Ivoire sans la prise en compte des conditions énoncées par l’opposition. La délégation CEDEAO/UA/ONU, si elle veut être crédible aux yeux des Ivoiriens, des Africains et du monde, doit écouter l’opposition et non Ouattara qui a, déjà, échoué à faire son coup d’état constitutionnel dans le cadre de son 3e mandat. Car l’opposition ayant la force de son côté, elle mobilisera contre la forfaiture de Ouattara jusqu’à avoir gain de cause.
Premier giga-meeting de la désobéissance définie par le président, Henri Konan Bédié, au nom de toute l’opposition, samedi, 10 octobre, au Stade Félix Houphouët-Boigny où on attend 250.000 personnes, soit, 5 fois plus que la capacité du stade. L’organisation installera le surnombre de personnes dans les abords du stade. Le pouvoir a fini par faire volte-face : après avoir annoncé, dans un premier temps, le début des travaux sur ce stade, ce qui était faux, le ministre des Sports est revenu à des meilleurs sentiments. Contraint et Forcé par la mobilisation.

Envie d’accéder aux contenus réservés aux abonnés ?

More
articles

×
×

Panier