Voilà un président de la République, qui, toutes ces dernières années, n’a pas varié d’un iota dans son discours. Il avait, toujours, dit que les versets du coran lui interdisaient de modifier la constitution pour briguer un troisième mandat consécutif, et qu’il respecterait la constitution. Comme sous d’autres cieux en Afrique, il s’est trouvé des partisans qui le poussaient à braver cet interdit d’ordre religieux et à penser, avant tout, au peuple qu’il n’avait pas le droit d’abandonner. Le général-président a passé outre ces faux conseils et écouté la voix de son cœur (ainsi que le coran), qui lui demandait de passer la main. Dans d’autres pays africains, les chefs d’Etat font le contraire parce qu’ils sont, tellement, liés à la jouissance du bien public pour lequel ils ne rendent aucun compte. Ce n’est, visiblement, pas le cas du président sortant. A Afriqueeducation.com, le général-président, Mohamed Ould Abdel Aziz, n’était pas notre tasse de thé. Il y était même, régulièrement, vilipendé. On lui reprochait beaucoup de choses dont le fait qu’il ait protégé (malgré quelques mesurettes) le système esclavagiste qui fait que les Noirs et les Haratines sont des Mauritaniens de seconde zone. Avec ce départ voulu, on lui reconnaît une hauteur d’esprit qui suscite du respect à son égard et de la sympathie à sa personne.
Les Mauritaniens votent, samedi, 22 juin, pour élire leur président, qui devra, à la fois, préserver la stabilité chèrement conquise, améliorer la situation économique et le bilan en matière de droits humains.
Le président sortant, Mohamed Ould Abdel Aziz, qui ne peut se représenter (pour avoir volontairement refusé de modifier la constitution), a apporté son soutien à l’ancien ministre de la Défense, Mohamed Ould Ghazouani, grand favori du scrutin (notre photo).
Les bureaux de vote sont ouverts de 7 h à 19 h GMT et les premiers résultats sont attendus en début de semaine prochaine.
Ce scrutin doit marquer la première transition entre un président sortant et son successeur élu dans ce pays secoué par de nombreux coups d’état de 1978 à 2008.
Mais, les cinq adversaires du candidat du pouvoir dénoncent une tentative de perpétuation du régime de Mohamed Ould Abdel Aziz et des risques de fraude.
Qui est le désormais célèbre Mohamed Ould Abdel Aziz ?
Arrivé au pouvoir par un coup d’état en 2008, Mohamed Ould Abdel Aziz, s’est, ensuite, fait élire en 2009, puis, réélire en 2014 lors d’un scrutin boycotté par les principaux partis d’opposition.
Il a assuré la stabilité de ce pays de 4,5 millions d’habitants frappé dans les années 2000 par des attentats djihadistes et les enlèvements d’étrangers en menant une politique volontariste : remise sur pied de l’armée, surveillance accrue du territoire et développement des zones reculées.
Pour lui succéder au terme de ses deux mandats constitutionnels, il a choisi, comme candidat, son compagnon de toujours, Mohamed Ould Ghazouani, qui a été chef d’état-major pendant dix ans, puis, quelques mois, ministre de la Défense.
Mais, celui qui apparaît comme son rival le plus sérieux, l’ancien chef de gouvernement de transition, Sidi Mohamed Ould Boubacar (2005-2007), estime que « la majorité des Mauritaniens a envie de tourner la page de ces dix dernières années ».
Sidi Mohamed Ould Boubacar, « candidat indépendant », est soutenu par une large coalition comprenant le parti islamiste, Tewassoul, principale formation d’opposition, ainsi que, par le puissant et richissime homme d’affaires Mohamed Ould Bouamatou.
Tout comme les autres candidats de l’opposition, il a mis en garde contre les risques de fraude.