Tout le monde ne voulait pas que les élections se déroulent dans de bonnes conditions en RDC (République démocratique du Congo). Après avoir assisté, hier, 30 décembre, à une journée électorale (bon enfant), à Kinshasa, et sur presque tout l’ensemble du territoire rdcongolais, tout Africain désireux de voir son continent prendre son destin en main, pouvait être heureux. Il y a lieu de dire que, globalement, tout s’est bien passé, mieux même que dans certains pays africains où les observateurs européens et américains viennent crédibiliser l’organisation des élections. Premier point positif : aucune mort, à Kinshasa, due à ces élections n’a été enregistrée par la police de la capitale, ce qui montre le haut niveau de conscience des populations kinoises, mais aussi, la maîtrise des forces de défense et de sécurité, chargées de sécuriser le vote. A l’intérieur du pays, on note, cependant, quelques morts, notamment, dans le Kivu. Cela dit, si ces morts sont à regretter, ils sont loin des craintes qui avaient provoqué le Sommet de Brazzaville organisé, en catastrophe, par Denis Sassou Nguesso avec quatre autres chefs d’Etat de la sous-région. Deuxième point positif : après avoir refusé les aides de toutes sortes venant de l’Union européenne, de la Francophonie, de l’Union africaine et d’autres pays occidentaux, la RDC a montré que malgré ses 40 millions d’électeurs, la CENI était à la hauteur de l’événement, sans l’aide de qui que ce soit. Troisième point positif : même si la logique électorale devrait favoriser le candidat commun de l’opposition, Martin Fayulu, ses deux principaux concurrents, à savoir, Félix Tshisekedi, et le candidat du pouvoir, Emmanuel Ramazani Shadari (qui crierait déjà victoire), s’organisent, aussi, pour se déclarer vainqueurs, sans remettre, fondamentalement, en cause, l’organisation des élections. C’est une victoire énorme que doit savourer le raïs sortant.
Ce lundi, 31 décembre, la RDCongo attendait, sereinement, les premiers résultats de l’élection présidentielle à un tour historique intervenue la veille. Des questions ayant trait sur leur transparence et des risques d’une contestation violente, étant devenues secondaires, les RDCongolais ayant montré qu’ils entendaient, grâce à la tenue de ces élections, passer à autre chose.
Quel que soit le vainqueur, c’est toute la RDC qui aura gagné. Et cette victoire sera d’autant plus importante que ce pays a fait la preuve qu’un pays africain (parti de nulle part) peut financer, tout seul, trois élections réunies en une seule, avec un système de vote électronique jamais expérimenté nulle part en Afrique auparavant, sans qu’il y ait beaucoup à redire. Car les anomalies relevées ici et là sont bien minimes pour discréditer l’issue de cette présidentielle (sur notre photo Corneille Nanga, le patron de la CENI avec les observateurs de la SADC).