Cette année, deux écrivains sont exceptionnellement à l’honneur car l’Académie suédoise n’avait pas pu décerner un lauréat en 2018. Deux pour le prix d’un. L’Académie suédoise a décerné le Prix Nobel de Littérature 2019 à l’Autrichien, Peter Handke, et le Prix 2018 à la Polonaise, Olga Tokarczuk. L’année dernière, aucun lauréat n’avait pu être désigné car le quorum de membres siégeant prévu dans les statuts de l’institution n’avait pas été atteint, l’Académie ayant été secouée par un scandale lié à une agression sexuelle. Peter Handke et Olga Tokarczuk, quinzième femme à recevoir cette récompense depuis 1901, succèdent tous les deux au romancier britannique d’origine japonaise, Kazuo Ishiguro, auteur des Vestiges du jour, consacré en 2017.
Au titre de 2019, c’est donc l’Autrichien, Peter Handke, écrivain, dramaturge, réalisateur et scénariste, qui remporte la distinction. Il est récompensé pour une œuvre qui, « forte d’ingénuité linguistique, a exploré la périphérie et la singularité de l’expérience humaine », a déclaré le secrétaire perpétuel de l’Académie suédoise, Mats Malm, lors de l’annonce du palmarès.
Peter Handke, 76 ans, qui a publié plus de 80 ouvrages, est l’un des auteurs de langue allemande les plus lus et les plus joués dans le monde. Il a publié son premier roman, Les frelons, en 1966, avant d’accéder à la notoriété avec L’Angoisse du gardien de but au moment du penalty, en 1970, puis, Le malheur indifférent (1972), bouleversant requiem dédié à sa mère.
En 2006, Handke est devenu un écrivain controversé pour des déclarations en faveur de la Serbie, à la suite des guerres qui ont ensanglanté l’ex-Yougoslavie. Il a assisté aux funérailles de l’ancien président serbe, Slobodan Milosevic, condamné pour crimes de guerre, crimes contre l’humanité et génocide, et mort en prison.
Un jour, il a déclaré à propos du Nobel de littérature : « Il faudrait enfin le supprimer. C’est une fausse canonisation » qui « n’apporte rien au lecteur ».
L’Académie ne lui en a pas tenu rigueur, pas plus que sur ses prises de position passées.
Au titre de 2018, l’auteure polonaise, Olga Tokarczuk, 57 ans, est récompensée pour « une imagination narrative qui, avec une passion encyclopédique, symbolise le dépassement des frontières comme forme de vie », a expliqué Mats Malm à Stockholm. Olga Tokarczuk avait, déjà, été distinguée sur la sphère internationale en recevant le Man Booker Prize en mai 2018 pour son roman, Les Pérégrins.
Auteur d’une douzaine d’ouvrages, elle est considérée comme la plus douée parmi les romanciers de sa génération en Pologne. Son œuvre, extrêmement, variée et traduite dans plus de 25 langues, va du conte philosophique (Les Enfants verts, 2016) au roman policier écologiste engagé et métaphysique (Sur les ossements des morts, 2010), sans oublier un roman historique de 900 pages, Les livres de Jakob (2014).
Engagée politiquement à gauche, écologiste et végétarienne, l’écrivaine, la tête toujours couverte de dreadlocks, n’hésite pas à critiquer la politique de l’actuel gouvernement conservateur nationaliste de Droit et Justice (PiS).