Le tribunal militaire de Ouagadougou a condamné, mardi, 10 mai, l’ancien président burkinabè, Blaise Compaoré, et neuf autres accusés à payer plus de 800 millions de F CFA, (1,2 million d’euros) de dommages et intérêts aux ayants droit de l’ex-chef de l’Etat, Thomas Sankara, et de ses compagnons assassinés en 1987, a déclaré le juge, Urbain Méda. C’est le minimum syndical qu’on pouvait espérer de ce procès en terme de réparations.
Cette somme devra être payée solidairement par Blaise Compaoré, l’ancien commandant de sa garde, Hyacinthe Kafando, et l’ex-chef de l’armée en 1987, Gilbert Diendéré, tous condamnés à la perpétuité début avril pour leur implication dans l’assassinat, ainsi que, sept autres accusés condamnés, eux, à des peines de trois à vingt ans de prison.
Selon la décision de justice, l’Etat burkinabè devra dédommager les ayants droit si les condamnés ne sont pas en mesure de payer les sommes. Cela risque d’être le cas.
Le tribunal militaire a cependant rejeté une demande de restitution des biens de Thomas Sankara à sa famille.
« Nous déplorons la décision de la chambre de ne pas accéder à cette requête de restitution des biens. Avec la famille de Thomas Sankara, nous allons aviser si nous faisons appel ou pas », a réagi Me Benewendé Stanislas Sankara, un des avocats de la famille Sankara.
Arrivé au pouvoir par un coup d’état en 1983, Thomas Sankara a été tué avec douze de ses compagnons par un commando lors d’une réunion au siège du Conseil national de la révolution (CNR) à Ouagadougou. Il avait 37 ans.
La mort de Thomas Sankara, qui voulait « décoloniser les mentalités », a été un sujet tabou pendant les 27 ans de pouvoir de Blaise Compaoré, contraint de partir après une insurrection populaire en 2014.
Il vit depuis en exil en Côte d’Ivoire, pays qui lui a donné sa nationalité, et a été condamné par contumace, tout comme Hyacinthe Kafando en fuite depuis 2016. Une lâcheté suprême !