A quoi joue le régime finissant de Joseph Kabila, qui vient d’être autorisé par la Cour constitutionnelle à rester en place jusqu’à l’élection de son successeur ? Sans donner d’autre précision, l’instance judiciaire suprême reste muette sur la date de l’élection présidentielle que d’aucuns annonçaient, il n’y a pas longtemps, pour novembre prochain. C’est dans le prolongement de cette décision que l’opposant le plus percutant du moment, Moïse Katumbi, est monté au créneau pour pousser l’actuel chef de l’Etat dehors. C’est, peut-être, la preuve que Katumbi n’est pas un sous-marin du régime (comme on entend souvent), mais qu’il souhaite, réellement, remplacer Kabila même s’il n’est pas un opposant de la première heure comme Etienne Tshisekedi.
Katumbi s’est-il, volontairement, mis en danger en s’affichant comme un opposant offensif ? Après plusieurs convocations auprès des services de police et de justice, il a été inculpé d’atteinte à la sûreté de l’Etat, au moment où il séjournait à l’hôpital.
C’est, toujours, de son lit de malade que le procureur général de la République, Flory Kabange Numbi, l’a autorisé, ce vendredi, 20 mai, à aller se faire soigner à l’intérieur ou à l’extérieur du pays. Cela dit, il reste toujours inculpé d’avoir cherché à déstabiliser le pouvoir en recrutant des mercenaires américains. Moïse Katumbi n’est pas du même avis. Il a diffusé un communiqué pour dénoncer ce motif qu’on lui colle sur le dos en expliquant qu’il croit à l’alternance par les urnes et que ce n’est pas à cinq mois de la présidentielle qu’il va se lancer dans une aventure hasardeuse de recrutement de mercenaires, qu’il n’avait jamais tentée auparavant, même quand il était opposant, il y a quelques années.
M. Katumbi étant actuellement admis dans un centre hospitalier de Lubumbashi, dans le Sud du pays, il lui est loisible, avec le concours de ses médecins traitants, de se prendre en charge par des institutions médicales appropriées, ainsi que l’a suggéré le médecin légiste requis, a assuré le parquet dans un communiqué.
L’avocat général de la République, Bernard Mikobi Minga, qui se trouve, présentement, à Lubumbashi (Haut-Katanga), a indiqué aux avocats de M. Katumbi que leur client était libre d’aller se faire soigner au lieu de son choix. Ce pays étranger pourrait être l’Afrique du Sud.
Malgré cette autorisation, l’instruction pré-juridictionnelle se poursuit avec les interrogatoires d’autres suspects qui seront confrontés à Moïse Katumbi lorsqu’il se sera rétabli, note le parquet.