Fin de parcours pour Joseph Kabila. Le premier ministre désigné par ses soins, Sylvestre Ilunga Ilunkamba, et tout son gouvernement, sont tombés, mercredi, 27 janvier, soir, à l’issue du vote par les députés nationaux, d’une motion de censure contre le chef du gouvernement. Sur les 377 députés présents à la plénière, 367 ont voté pour cette motion, 7 ont voté contre, 2 se sont abstenus et un bulletin nul. Ce vote a eu lieu en l’absence du premier ministre et de son gouvernement à l’Assemblée nationale. Le président, Félix Tshisekedi, engage, ainsi, une épreuve de force contre son prédécesseur et ex-allié dont personne ne connaît l’issue. Attention à la dégradation des agrégats de la comptabilité nationale par ces temps de covid où cette crise politique (à venir) risque de s’ajouter à la crise économique (déjà présente) provoquée, elle, par la crise sanitaire.
La destitution de Sylvestre Ilunga Ilunkamba fait suite à une motion de défiance déposée contre lui et les membres de son gouvernement par deux députés, qui reprochent l’incapacité dans la gestion du pays depuis l’installation du gouvernement aux côtés du président Félix Tshisekedi.
Le vote de la destitution du gouvernement s’est déroulé à l’absence du premier ministre qui avait refusé de répondre à l’invitation du bureau provisoire du parlement, qu’il considère illégitime selon la constitution et les règlements intérieurs du parlement.
La destitution du PM et son gouvernement ont recueilli une large majorité des votes en l’absence des députés fidèles à l’ex-président, Joseph Kabila (sur notre photo en train de mettre l’écharpe de président à son successeur lors de son investiture), qui ont décidé de ne pas prendre part au vote. Selon les membres du Front commun pour le Congo (FCC, parti pro-Kabila), le bureau provisoire n’a pas la qualité d’organiser ce vote selon la constitution.
Dans une lettre adressée aux membres du bureau provisoire du parlement et aux députés dans la matinée de mercredi, c’est-à-dire, quelques heures avant le vote, Sylvestre Ilunga soulignait que la procédure contre son gouvernement viole les règles et l’état de droit dans le pays.
Nommé par le président en mai 2019, le premier ministre Ilunga était à la tête du gouvernement de coalition mis sur pied par l’ex-président, Joseph Kabila, et Félix Tshisekedi, pour gouverner ensemble après les élections de fin 2018.
Mais, depuis décembre 2020, Félix Tshisekedi a annoncé la fin de la coalition et a entamé une série de consultations pour trouver une nouvelle majorité au parlement. Il accuse les anciens partenaires de Joseph Kabila de vouloir saboter son action à la tête du pays depuis son investiture.
Dans tous les cas, il était clair que Joseph Kabila, à travers le gouvernement Ilunga, ne faisait que préparer son retour aux affaires. En mettant fin à cet accord, le président de la République se donne une certaine respiration, qui, pense-t-on, pourrait lui permettre, le moment venu, de se succéder à lui-même pour effectuer un deuxième mandat. Cela dit, Joseph Kabila est loin (très loin) d’avoir dit son dernier mot. Les prochains mois risquent d’être chauds en RDC.