Selon le ministre de l’Information de la République démocratique du Congo (RDC), Lambert Mende, les forces armées estiment avoir été calomniées par ce documentaire portant sur les viols de femmes congolaises et sur l’action du docteur rdcongolais, Denis Mukwege, au Kivu. Pourtant, jusqu’à, il y a peu de temps, les autorités avaient annoncé que le film était autorisé. La rencontre de Colette Braeckman avec le ministre, Kin Kie Mulumba, la semaine dernière, en Belgique, était allée dans le même sens : pas d’inquiétude.
Le docteur Denis Mukwege, doit-on le rappeler, n’est pas n’importe qui. Il a reçu le Prix Sakharov du parlement européen, à la suite de quoi, une immense affiche avait trôné, plusieurs jours durant, sur le Boulevard du 30 juin, à son effigie. Ce film, sur son œuvre salutaire en RDC, est en train de faire le tour du monde, et a, déjà, obtenu 7 prix internationaux dans 5 pays et 3 continents. Il a été montré au parlement européen et, partiellement, au parlement de la Communauté française, qui, lui aussi, a attribué un prix au docteur courage (Mukwege).
Ce film sera présenté, en ouverture du FIFDA (Festival international des films de la diaspora africaine), vendredi, 4 septembre, au Cinéma Etoile Lilas, à Paris, à 20 heures. Il sera présenté, en octobre, à la Fondation du Congrès américain, à Washington, et aux Nations-Unies, à New York. Ce film est soutenu par le parlement européen, qui a permis le sous-titrage dans 24 langues pour permettre une diffusion large sur le territoire européen. Il est cofinancé par le ministère belge des Affaires étrangères et par le ministère de la Coopération, mais aussi, par l’Organisation internationale de la francophonie, et par la fondation du Congrès américain.
Il est donc surprenant que, après plus de 6 mois de diffusion intense de par le monde, et après plusieurs mois d’attente d’une autorisation, le film montrant l’action du docteur Mukwege et les témoignages congolais relatant les massacres de populations civiles et les viols avec extrême violence dont les femmes sont victimes, ne puisse pas être montré à la population congolaise, mais aussi, au personnel de l’hôpital de Panzi et à tous ceux qui ont eu le courage de témoigner dans ce film en RDC.
Le docteur Mukwege est victime de tentatives d’assassinats et il a perdu un de ses proches lors d’une de ses tentatives. Il vit cloîtré dans son hôpital et ne peut sortir que sous la protection des Nations-Unies. L’interdiction de la diffusion programmée de ce film est une manière de bâillonner en RDC sa parole et celle des victimes de ces guerres et tragédies que le pays vit depuis 20 ans. C’est pour cela que l’enjeu de la présentation du film et de cette censure qui tend à banaliser des actes ignobles qui ont été perpétrés en RDC, est si important. Ainsi, la plupart des victimes n’auront pas eu la reconnaissance juridique et/ou la réparation morale et matérielle à laquelle elles devraient avoir droit mais de plus, elles sont interdites de témoignage.
Thierry Michel, l’un des auteurs du film, sera au Cinéma Etoile Lilas, vendredi, 4 septembre, pour le présenter. Au moins, à Paris, le témoignage des victimes se fera entendre.