Volodymyr Zelensky serait-il déjà à bout de souffle dans sa guerre contre Vladimir Poutine ? Apparemment oui, puisque son langage a changé depuis quelques temps, les allusions à la paix semblant avoir pris le dessus sur sa volonté, de longue date, de remporter la victoire contre le géant russe.
A l’occasion de son sommet pour la paix de juin dernier, le président ukrainien avait été déçu par le snobisme de la quasi-totalité de ses homologues africains, à l’exception, notamment, d’Alassane Ouattara, Nana Akufo-Addo ou de William Ruto, les trois vassaux occidentaux qui ont répondu présents.
Troublé par ce désintérêt, alors qu’il espérait tisser des liens forts avec l’Afrique en vue de la reconstruction de son pays, une fois la guerre terminée, le gouvernement de Kiev a fait une énorme bourde en déclarant être impliqué dans la mort de plusieurs dizaines de soldats maliens et de leurs soutiens sécuritaires le 26 juillet dernier.
Résultat, Volodymyr Zelensky peut, non seulement, mettre une croix sur l’Alliance des Etats du Sahel (AES), dont l’un des principes fondateurs est l’intégrité territoriale de chaque Etat assumée par tous, mais aussi, sur les pays africains collaborant avec les membres fondateurs de ladite Alliance, tels que le Tchad ou le Sénégal.
Voyant en Bamako l’amie de son ennemie russe, et la considérant donc comme sa propre ennemie, Kiev a fait un grand pas en arrière dans ses ambitions africaines, quelques jours seulement avant la baisse de sa note souveraine par l’agence S&P, suite à un paiement manqué la semaine dernière.
De quoi certainement expliquer la visite précipitée, cette semaine, du ministre ukrainien des Affaires étrangères, Dmytro Kuleva, au Malawi et en Zambie sur fonds de sécurité alimentaire, ainsi qu’en Ile Maurice pour y sécuriser des investissements directs. Les signaux envoyés par le régime de Zelensky ne sont clairement plus les mêmes.
Paul-Patrick Tédga
MSc in Finance (Johns Hopkins University – Washington DC)