Président en exercice de l’Union africaine (UA) jusqu’en janvier 2019, le président du Rwanda, Paul Kagame, a profité de cette tribune inespérée pour propulser la candidature de sa ministre des Affaires étrangères, Louise Mushikiwabo, au poste de secrétaire générale de l’OIF (Organisation internationale de la Francophonie), qu’elle brigue, dans quelques jours, à Erevan. Même si le bilan de la sortante, la Canadienne, Michaëlle Jean, est loin d’être défendable, Paul Kagame, malgré le soutien du Français, Emmanuel Macron, peut se faire des soucis. L’élection de sa ministre ne sera pas comme une lettre à la poste. Car non seulement les Canadiens ne lâchent pas leur candidate, mais, Kagame ne peut, réellement, bénéficier des suffrages des pays francophones puisqu’il n’est nullement un modèle à suivre en Francophonie : il a installé l’anglais à la place du français comme langue d’enseignement dans le système scolaire rwandais (lui-même sait dire à peine « Bonjour » en français). D’autre part, il a rempli ses prisons d’opposants. Il suffit de le contredire pour se retrouver en cellule avec comme motif : « Révisionnisme ». Le génocide dont on peut se demander s’il n’en est pas le principal déclencheur à cause du missile sol air qui venait de l’endroit que contrôlaient ses troupes de l’APR, lequel missile pulvérisa le Falcon 50 à bord duquel avaient pris place les présidents rwandais Juvénal Habyarimana et burundais Cyprien Ntaryamira.
La justice rwandaise a ordonné, vendredi, 5 octobre, la libération sous caution de l’opposante, Diane Rwigara, farouche critique de Paul Kagame, après avoir été emprisonnée plus d’un an dans l’attente de son procès.
Diane Rwigara, 37 ans, est poursuivie pour falsification de documents dans le cadre de sa tentative de participation à la présidentielle d’août 2017, ainsi que, pour incitation à l’insurrection. Elle avait été arrêtée en même temps que sa mère (notre photo).
Trois juges ont estimé que l’accusation avait échoué à présenter des preuves crédibles pour maintenir les deux femmes en détention, et ordonné leur libération immédiate sous caution.
Cette décision a été accueillie par des cris de joie de proches présents au tribunal. La libération sous caution prévoit l’interdiction pour l’opposante et sa mère de voyager hors de Kigali, ainsi que, la remise de leurs passeports aux autorités.
Leur procès doit reprendre en novembre (c’est-à-dire quelques semaines après la tenue du Sommet de la Francophonie en Arménie). Traduction : Si Louise Mushikiwabo atterrit au secrétariat général de l’OIF, l’affaire est classée. Mais, si la Canadienne rempile pour un deuxième mandat, Rwigara aura de très fortes chances de regagner sa cellule. Ainsi va la vie dans le Rwanda du général-président Paul. L’incitation à l’insurrection est passible d’une peine de quinze ans de prison. La falsification de documents et les pratiques sectaires sont passibles de peines de 7 ans de prison.
Une sœur de Diane, Anne Rwigara, qui avait été brièvement détenue avec les deux femmes l’année dernière avant d’être relâchée faute de charges, a salué « cette très bonne surprise ». « Elles sont innocentes et nous savons que les charges pesant contre ma sœur et ma mère sont fausses et qu’elles ont été montées pour des raisons politiques ».
Cette décision a, également, été saluée par des responsables de l’opposition dans le pays, comme Victoire Ingabire, qui a, récemment, bénéficié d’une grâce présidentielle après avoir purgé quatre ans de prison après une condamnation à quinze ans pour trahison et déni du génocide. Le crime de Victoire Ingabire était d’avoir dit que les Tutsi avaient, aussi, à se reprocher dans ce génocide, qui aurait fait plus de 800.000 morts (chiffre des Nations-Unies).
Preuve que le Rwanda est une petite dictature, son président, Paul Kagame, (après avoir pris le soin d’emprisonner ses meilleurs adversaires politiques comme Ingabire et autres), avait été réélu, le 4 août 2017, pour un nouveau mandat de sept ans avec 98,7% des voix. Seul aurait pu faire mieux, l’ancien camarade, Leonid Brejnev.
Diane Rwigara est la fille d’Assinapol Rwigara, un important entrepreneur rwandais qui avait fait fortune dans l’industrie et l’immobilier.
Dans les années 1990, il avait, largement, financé le Front patriotique rwandais (FPR) de Paul Kagame avant que celui-ci ne renverse le pouvoir du général-président, Juvénal Habyarimana, en juillet 1994.
Diane Rwigara avait pris ses distances avec le FPR après le décès de son père en février 2015, dans un accident de la route, selon la police. Elle avait contesté cette version et dénoncé un « assassinat », ce qui n’a pas plu au maître du pays, qui a, immédiatement, ordonné son emprisonnement.