Le président rwandais, Paul Kagame, a procédé, jeudi, 18 octobre, à un remaniement ministériel, avec, notamment, le remplacement aux Affaires étrangères de Louise Mushikiwabo, récemment, élue à la tête de la Francophonie et celui du très influent ministre de la Défense, le général, James Kabarebe, qui devient conseiller spécial du président. Un poste créé. Si le départ du ministère des Affaires étrangères de Louise Mushikiwabo était attendu, celui de James Kabarebe s’explique difficilement. Mais, chez Paul Kagame, on n’explique, jamais, tout (notre photo).
Louise Mushikiwabo est remplacée par Richard Sezibera, 54 ans, ancien secrétaire général de la Communauté d’Afrique de l’Est (2011 – 2016) et ancien ministre de la Santé, indique le communiqué de la présidence.
Plus inattendu est le départ d’un des piliers du régime, James Kabarebe, ministre de la Défense depuis 2010. Ce dernier occupera, désormais, le poste nouvellement créé de conseiller spécial du président pour les questions de sécurité.
Le général, James Kabarebe, est remplacé à la tête du ministère de la Défense par le général, Albert Murasira, issu comme lui, des rangs de l’Armée patriotique rwandaise (APR) qui mit fin au génocide de 1994 en s’emparant de Kigali, puis, du reste du pays.
On ignore, vraiment (et c’est une litote), la signification du départ de James Kabarebe, personnage clé des conflits des Grands Lacs africains depuis plus de 20 ans.
Deux ans plus après la prise du pouvoir de 1994, il est envoyé au Zaïre — l’actuelle RDC — combattre aux côtés du rebelle, Laurent-Désiré Kabila, père de Joseph, l’actuel président de la RDC. Quand le régime du maréchal, Mobutu Sese Seko, s’effondre, en 1997, Kabila père le fait chef d’état-major de l’armée congolaise. Les accords signés avec le chef de l’APR, Paul Kagame, stipulaient que James Kabarebe devait « protéger » (surveiller) le très récalcitrant et insaisissable, Laurent Désiré Kabila.
Mais, quand les relations entre Kigali et Kinshasa se dégradent, Kabarebe, qui avait formé le jeune Joseph Kabila dans les maquis, quitte le pays en août 1998. Il devient une pièce maîtresse du pouvoir tutsi rwandais et sera, toujours étroitement, associé aux décisions ou campagnes concernant le Congo voisin.
James Kabarebe fait partie des sept proches du président Kagame inculpés en France dans l’enquête sur l’attentat de 1994 contre l’avion du président rwandais, Juvénal Habyarimana, considéré comme le déclencheur du génocide, qui fit 800.000 morts selon l’ONU, principalement, dans la minorité tutsi.
Dans un réquisitoire définitif du 10 octobre, le parquet de Paris demande l’abandon des poursuites contre les sept inculpés, faute de « charges suffisantes ». Certains y ont vu la main d’Emmanuel Macron, qui chercherait à normaliser les tumultueuses relations entre Paris et Kigali.