SAHARA OCCIDENTAL : La visite de Rachida Dati très mal vue par le président Tebboune

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Pour Alger, c’est une simple provocation bien planifiée. Entreprise par la ministre française de la Culture d’origine marocaine, Rachida Dati, cette « visite est condamnable à plus d’un titre (car) elle traduit un mépris insigne de la légalité internationale de la part d’un membre permanent du Conseil de sécurité» de l’ONU, selon un communiqué du gouvernement algérien.

La visite effectuée, lundi, 17 février, par la ministre française de la Culture «est d’une gravité particulière» et «est condamnable à plus d’un titre», et dénoncée comme telle, mardi, 18 février, par le ministère algérien des Affaires étrangères. Le Sahara occidental, vaste zone désertique, est une ex-colonie espagnole contrôlée à environ 80% par le Maroc mais revendiquée par les indépendantistes du Front Polisario, en conflit depuis 50 ans avec Rabat, et soutenus par l’Algérie. A cause de ce problème, la réconciliation entre les deux pays n’est pas pour demain et il est, aujourd’hui, très difficile d’être ami de l’un et de l’autre. Il faut choisir son camp. La France a choisi le Maroc, d’où le courroux d’Alger qui considère, désormais, la France comme un pays hostile (sur notre photo, Rachida Dati signe un retour aux sources).

Fin juillet, en effet, Emmanuel Macron avait apporté un soutien appuyé à un plan d’autonomie de ce territoire, «sous souveraineté marocaine», proposé par Rabat, rompant avec la position traditionnelle de Paris favorable au processus de l’ONU et provoquant une grave crise avec Alger. Cette crise va jusqu’à embrasser le secteur de l’immigration où le gouvernement français dénonce l’Algérie de tout faire pour mettre les relations entre les deux pays à mal.

Selon le ministère algérien des Affaires étrangères, cette visite «aide à la consolidation du fait accompli marocain au Sahara occidental, territoire où un processus de décolonisation reste inachevé et où l’exercice d’un droit à l’autodétermination demeure inaccompli». Cette «visite malvenue renvoie l’image détestable d’une ancienne puissance coloniale solidaire d’une nouvelle», poursuit le ministère visiblement très remonté et vraiment en colère.

Rachida Dati avec son homologue marocain Mohamed Mehdi Bensaïd.

Le ministère algérien des Affaires étrangères poursuit : «Ce faisant, le gouvernement français se disqualifie davantage et s’isole par rapport à l’action des Nations-Unies visant à hâter un règlement du conflit du Sahara occidental sur la base d’un strict respect de la légalité internationale». En octobre dernier, une résolution du Conseil de sécurité, soutenue par 12 des 15 membres, avait appelé à une solution «réaliste et mutuellement acceptable» au Sahara.

En tout cas, Rachida Dati a un prétexte tout trouvé : même si elle a qualifié d’«historique» sa visite, la «première d’un ministre français dans les provinces du Sud», elle ne vient pas en tant que Française d’origine marocaine. Elle est venue lancer, à Laayoune, un Centre culturel français, ce qui justifie, pleinement, son déplacement. Cela dit, est-il interdit de joindre l’utile à l’agréable ?

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