Le dossier du Sahara occidental continue de faire parler de lui. Pendant que le Maroc se félicitait de la reconnaissance, par les ténors de l’Union européenne (UE), de sa souveraineté sur le Sahara occidental, l’Algérie apparaissait comme la grande perdante, au vu de ses efforts diplomatiques déployés pour défendre le droit à l’autodétermination du peuple sahraoui. C’était du moins jusqu’à ce que l’Assemblée Générale de l’ONU ne s’aligne sur la même position, en matière de droit international, que la Cour de justice de l’UE (CJUE) dans son arrêt du 4 octobre dernier.
S’étant réunie pour la 47ème séance plénière de sa 79ème session, l’entité onusienne a réaffirmé son soutien “aux aspirations des peuples soumis à la domination coloniale qui souhaitent exercer leur droit à l’autodétermination”. Une déclaration d’ordre général portant ici sur les affaires spécifiques de la Nouvelle Calédonie et du Sahara occidental, pour lesquelles elle a déjà été saisie à plus d’une centaine de reprises par des pétitionnaires. On pense surtout à l’Algérie qui n’a pas dû lésiner sur les moyens pour faire entendre les cris des Sahraouis à l’international.
Cette campagne menée par le dirigeant algérien, Abdelmadjid Tebboune, a finalement porté ses fruits, au regard des positions communes que viennent d’adopter la CJUE et l’Assemblée Générale des Nations-Unies, deux des plus hautes instances internationales, qui semblent décidées à assumer leur rôle, au risque de s’attirer les foudres des Etats membres leur octroyant des financements. La publication de la prise de position de l’organe onusien n’a d’ailleurs pas donné lieu à un tapage médiatique, signe d’un malaise pour Rabat et ses partenaires ?
En contraste, le soutien affiché par ces derniers, en particulier, l’immense lot de consolation se chiffrant à 10 milliards d’euros apporté par Emmanuel Macron, en personne, avait fait l’objet d’une couverture journalistique sans précédent, forçant une réaction quasi-immédiate du président, Tebboune, qui dut sortir de sa zone de confort pour se lancer aveuglément à la recherche de nouveaux partenariats. Aujourd’hui, il doit probablement être satisfait du coup porté à son voisin marocain.
Le dilemme s’annonce de taille pour les pays membres de l’UE et des Nations-Unies qui ont pris le parti du Maroc. La plupart d’entre eux étant occidentaux, il leur sera difficile de concilier les principes démocratiques dont ils disent souvent être les pionniers avec les enjeux économiques, qui leur tendent les bras. Ce ne sera, en tout cas, pas la première fois qu’ils décident de privilégier les finances à la démocratie, à l’image de leur politique commune de sous-traitance migratoire, dont le bilan continue de laisser à désirer.
Paul-Patrick Tédga
MSc in Finance (Johns Hopkins University – Washington DC)