Meurtres, abus sexuels, enlèvements, enrôlements contraints dans les groupes armés… Des centaines de milliers d’enfants du Sahel central ont été victimes d’expériences traumatisantes depuis le début du conflit. Rien qu’au Mali, ce sont 277 enfants qui ont été tués ou mutilés au cours des neuf premiers mois de 2019. Et, près de 5 millions d’enfants au Burkina Faso, au Mali et au Niger auront besoin d’une aide humanitaire au cours de l’année 2020, révèle, mardi, 28 janvier, un document publié par l’UNICEF (Agence des Nations-Unies pour l’enfance).
Les enfants subissent un niveau de violence sans précédent au Sahel central, où des centaines d’entre eux ont été tués, mutilés ou séparés de force de leurs parents en 2019, s’alarme l’Unicef dans un document publié mardi.
Rien qu’au Mali, l’un des trois pays du Sahel les plus durement touchés avec le Burkina Faso et le Niger, 277 enfants ont été tués ou mutilés au cours des neuf premiers mois de 2019, le double du nombre total de 2018, indique le document de l’agence de l’ONU pour l’enfance.
Mais c’est tout le Sahel central qui accuse une « importante augmentation de la violence contre les enfants pris entre deux feux, des centaines d’entre eux ayant été séparés de force de leur famille, tués ou mutilés », dit ce plaidoyer publié à l’appui d’un appel urgent à la levée de 208 millions de dollars pour financer les opérations de l’Unicef.
Le Mali est le seul pays pour lequel l’Unicef dispose de tels chiffres, a dit une porte-parole de l’organisation à Dakar, mais, au Burkina Faso et au Niger, aussi, des enfants ont été victimes de meurtre, d’abus sexuels, d’enlèvement ou d’enrôlement contraint dans les groupes armés.
« Des centaines de milliers d’entre eux ont vécu des expériences traumatisantes », estime la directrice régionale de l’Unicef, Marie-Pierre Poirier, citée dans un communiqué.
Le Mali, où le conflit a éclaté en 2012 avant de se propager, le Burkina Faso et le Niger sont en proie à une alarmante dégradation sécuritaire. Ils sont le théâtre d’une forte poussée djihadiste combattue par les armées nationales et étrangères, de brutalités intercommunautaires et de multiples trafics alimentant la violence. Celle-ci a fait des milliers de morts, combattants et civils, et des centaines de milliers de déplacés.
« Les femmes et les enfants sont les premières victimes de la violence », dit l’Unicef. En tout, 4,9 millions d’enfants ont besoin d’aide humanitaire.
« En novembre 2019, 1,2 million de personnes étaient déplacées », soit, un doublement en un an, rapporte-t-elle, et « plus de la moitié étaient des enfants », avec 670 000 d’entre eux forcés de fuir leur foyer. Au Burkina Faso, le nombre de déplacés a été multiplié par cinq.
Dans des pays parmi les plus pauvres du monde, l’agence souligne « l’impact dévastateur » des violences sur l’accès à la nourriture, à l’eau et aux soins, avec un risque accru de propagation de maladies infectieuses qui sont, déjà, les premières causes de mortalité infantile.
Plus de 709 000 enfants de moins de cinq ans souffriront de malnutrition aiguë sévère (MAS) dans les trois pays en 2020, selon des estimations rapportées par l’Unicef. Plus de 4,8 millions de personnes pourraient être en situation d’insécurité alimentaire.
L’agence insiste sur l’étendue du dommage causé à l’éducation. Entre avril 2017 et décembre 2019, sous l’effet d’attaques de plus en plus courantes contre les établissements, les enseignants et les élèves, les fermetures d’école ont été multipliées par six au Sahel central. Plus de huit millions d’enfants de 6 à 14 ans n’y sont pas scolarisés, soit, près de 55% de cette tranche d’âge (notre photo montre l’Ecole de Chibok dans le Nord-Est du Nigeria détruite par Boko Haram. C’est dans cette école que le groupe djihadiste avait enlevé 276 élèves le 14 avril 2014).
La détérioration sécuritaire rend compliquée, dangereuse, sinon, impossible l’intervention des humanitaires, rappelle l’Unicef. Elle en appelle à toutes les parties pour la protection des enfants et le respect de « l’espace humanitaire ».
Source : Rapport Unicef.