Les cours du brut ont chuté de plus de 30% en deux mois et évoluent, désormais, autour de 60 dollars pour le baril de Brent – la référence européenne. Cette tendance risque de s’accentuer à cause de la pression que Donald Trump exerce sur l’Arabie Saoudite, qui est priée d’augmenter sa production pour maintenir les prix bas et permettre, ainsi, la reprise de l’économie mondiale très dépendante du pétrole. Cela dit, et on ne le sait pas assez, un autre combat se mène loin des caméras entre le chef de la Maison Blanche et son ennemi juré, le président iranien, Cheikh Hassan Rohani.
Ce dernier menace (menace réitérée encore ce mardi, 4 décembre) de bloquer les exportations de pétrole dans le Golfe, en réaction aux sanctions américaines rétablies malgré les réticences des alliés européens, à la suite du retrait unilatéral de Washington de l’Accord sur le nucléaire iranien.
La menace iranienne est à peine voilée : « Les Etats-Unis devraient savoir qu’ils ne sont pas en mesure d’empêcher l’exportation du pétrole iranien », mais « s’ils essayent (…), il n’y aura plus de pétrole à exporter depuis le Golfe persique », a déclaré M. Rohani.
Pour permettre l’exportation de leur pétrole, les Iraniens vont, sans doute, se servir des mêmes pipelines sous surveillance turque, qui avaient, déjà, permis à l’Etat islamique (EI ou Daesh), d’écouler son brut extrait des territoires conquis en Irak et en Syrie.
Ce n’est pas la seule possibilité de transport à leur disposition : Les Iraniens vont, aussi, enlever tous les systèmes GPS à bord des camions qui transporteront leur pétrole pour empêcher leur suivi par les radars américains. Bref, Rohani sait de quoi il parle et, vraiment, rien, surtout, pas Trump de son Bureau Ovale, ne pourra l’empêcher de faire sa contrebande dans cette zone instable où prospère l’économie informelle. Voilà pourquoi il n’aura pas besoin de bloquer les tankers en pleine mer.
Le président iranien a mis, en garde, son ennemi américain, lors d’une réunion publique dans la province de Semnan (Nord), retransmise à la télévision.
Cela dit, depuis son avènement en 1979, la République islamique a menacé, à plusieurs reprises, de verrouiller le Golfe en réaction aux pressions internationales, mais, n’a jamais mis ses menaces à exécution. En réalité, l’Iran n’a pas eu besoin, jusque-là, de les mettre en exécution au regard de plusieurs facteurs. L’Iran, pour assurer sa survie, procédait de façon plus souple, en acquérant, par exemple, des passeports étrangers afin de les octroyer à ses hommes d’affaires et opérateurs économiques. De cette manière, ces derniers continuaient de faire les affaires avec une vraie-fausse nationalité. Les Comores du président Sambi, par exemple, avaient participé à ce jeu. Il a fallu l’arrivée au pouvoir, il y a deux ans, du président, Azali Assoumani, pour y mettre fin. Aujourd’hui, poursuivi par la justice, Ahmed Sambi est en résidence surveillée à ce sujet. Et les enquêtes continuent côté américain comme du côté comorien pour déterminer, avec exactitude, l’ampleur des dégâts.
Trump n’a qu’à bien se tenir. Il doit prendre les propos du cheikh Rohani au sérieux car l’Iran, après avoir souffert, pendant de très longues années, du précédent embargo, dispose d’un savoir-faire certain et incontesté dans ce domaine. Ce n’est certainement pas sur ce plan que Washington arriverait à plier Téhéran.
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