Afrique Education l’avait dit en son temps : après le départ, en 1997, de son très dynamique secrétaire général, le Canadien, Jean-Louis Roy, l’OIF (Organisation internationale de la francophonie) était devenue comme une « maison de retraite », sous les cinq ans de la direction de l’Egyptien, Boutros Boutros-Ghali. Après l’éviction de ce dernier, en décembre 2002, par le « Groupe » Afrique mené de main de maître, à l’époque, par le défunt patriarche gabonais, Omar Bongo Ondimba, l’erreur fatale fut la désignation à ce poste de l’ancien président sénégalais, Abdou Diouf. Car de « maison de retraite », l’OIF connut, carrément, un enterrement première classe pendant les treize ans (2002 à 2015) de son mandat. Plus grave, au lieu de partir au bout de huit ans, à l’issue de deux mandats, il négocia un troisième auprès des Français et Canadiens, piétinant au passage, les règles de fonctionnement de la Maison. Après que l’âge eut raison de lui et qu’il décida d’aller, enfin, finir ses derniers jours à Dakar où il vit actuellement, beaucoup pensèrent qu’en élisant la Canadienne, Michaelle Jean, à ce poste alors que le Congolais, Henri Lopès, grand écrivain de surcroît, affichait un meilleur profil, l’OIF allait retrouver son dynamisme comme sous l’autre Canadien, Jean-Louis Roy. Les francophones n’ont que leurs yeux pour pleurer.
Depuis qu’il a atterri à l’Elysée, le jeune président français, Emmanuel Macron, bouscule tout sur son passage (notre photo montrant la rencontre entre Michaelle Jean et lui à l’Elysée le 31 juillet 2017). Absolument tout. Tempérament de jeunesse ? Aux psychologues et politistes de répondre. Toutefois, parlant de l’OIF, il n’a pas tort de donner un bon coup de pied dans cette fourmilière, devenue, depuis Boutros Boutros-Ghali, un véritable « machin » au sens gaullien du terme.
Où va-t-on ? Parce que la future secrétaire générale de l’OIF, l’actuelle et très dynamique ministre des Affaires étrangères du Rwanda, Louise Mushikiwabo, qu’Emmanuel Macron a décidé de soutenir, est, certes, parfaitement, francophone. Mais, elle est issue d’un pays, le Rwanda, dont le président ne sait même pas dire « Bonjour » en français, et qui a, volontairement, relégué au troisième plan, la langue de Molière, après son arrivée au pouvoir, en 1994, de la façon dont il n’est plus utile de rappeler les circonstances. Pour preuve : le bombardement du Falcon 50 par les hommes du général Paul Kagame à bord duquel avaient pris place, les présidents du Rwanda, le général, Juvénal Habyarimana, et du Burundi, Cyprien Ntamyara, fait que ce dossier est toujours instruit par la justice française. Paul Kagame n’en est pas fier. Pour certains Francophones (et pas seulement), il n’est qu’un assassin devenu chef d’Etat. Cela dit, relativisons : s’il l’est vraiment (à Afrique Education nous n’en savons rien), il n’est pas le seul en Afrique à avoir ce profil. Alors pourquoi pas lui ?
Michaelle Jean avait très bien commencé son mandat. Mais, très vite, elle a sombré, elle et son administration, dans la bureaucratie alors qu’on attendait d’elle, de la fraîcheur, de l’innovation, de la créativité, des actions visibles et concrètes auprès des francophones les plus nécessiteux.
Son cabinet n’aura pas été à la hauteur. Pas vraiment. Celui-ci s’est replié sur lui-même au lieu d’aller à la rencontre des francophones porteurs.
Les élections auront lieu en octobre. On ne sent vraiment pas l’ancienne gouverneure générale du Canada mobilisée. C’est comme si elle avait, déjà, jeté l’éponge alors que ses adversaires sont en train de remuer ciel et terre actuellement. Hier, par exemple, sa future successeure (?) était à la rencontre du pouvoir camerounais. Le président, Paul Biya, empêché, elle a eu les honneurs du premier ministre, Philémon Yang. Ainsi de suite.