La France aux Français. Le Sénégal aux Sénégalais. Les noms de rues, d’avenues, de monuments du Sénégal, doivent porter les noms de Sénégalais et non de Français, sauf quand il y a réciprocité. Ce mouvement commence à prendre de l’ampleur. Dakar n’est pas une première. En 2020, la ville sénégalaise de Saint-Louis avait, déjà, changé le nom d’une Place Faidherbe. Cette mini-révolution est à mettre à l’actif du président, Macky Sall.
Le maire d’une commune de Dakar a décidé de débaptiser l’avenue Faidherbe, figure de l’entreprise coloniale française en Afrique de l’Ouest, et de lui donner le nom du président, Macky Sall. Après avoir renoncé à briguer un troisième mandat, ce qui lui donne une grande popularité en Afrique, qui peut critiquer une telle décision ? L’avenue Faidherbe, au cœur de la capitale sénégalaise, s’appelle, désormais, Macky Sall après une délibération du conseil municipal, le 10 juillet, indique un communiqué du maire de la commune d’arrondissement de Dakar-Plateau, Alioune Ndoye, également, ministre de l’Environnement.
Le conseil veut par, cet acte, rendre hommage appuyé au président Sall, «illustre homme d’Etat, leader et bâtisseur hors pair», qui compte à son actif de nombreuses réalisations dont une nouvelle ville près de Dakar, des autoroutes et un train rapide. Elu en 2012 pour sept ans et réélu en 2019 pour cinq ans, Macky Sall a annoncé, le 3 juillet, qu’il ne briguera pas un nouveau mandat à l’élection présidentielle de 2024, une décision, saluée à l’international, qui a permis de décrisper un climat politique très lourd au Sénégal.
La ville sénégalaise de Saint-Louis, qui fut le premier établissement fondé au Sud du Sahara par la France au XVIIe siècle, avait, déjà, débaptisé une Place Faidherbe, en septembre 2020, pour lui donner un nom local. Louis Léon César Faidherbe (1818-1889) est honoré en France comme une figure militaire, qui a préservé le Nord du pays de l’invasion prussienne lors de la guerre de 1870-1871. Au Sénégal, il est connu comme celui qui mena l’entreprise coloniale française en tant que gouverneur dans les années 1850 et 1860.
Lui sont reprochées des campagnes coloniales violentes, des tueries et des destructions de villages. Des historiens et des responsables de la société civile critiquent, régulièrement, le maintien par les autorités postcoloniales sénégalaises de noms de rues portant le nom de colons français.