De son vrai nom Mohamed Abdullahi Mohamed (notre photo), le président de la Somalie qu’on appelle couramment « Farmajo », a signé, lundi, 12 avril, soir, la loi controversée prolongeant de deux ans son mandat, arrivé à échéance le 8 février sans que des élections aient pu se tenir. Un texte qui inquiète le Sénat et la communauté internationale. Depuis la destitution en janvier 1991 du général, Mohamed Siad Barré, qui était certes contesté mais qui apportait un minimum de stabilité à la Somalie, le pays n’a jamais cessé de naviguer à vue.
Malgré les récentes mises en garde de la communauté internationale, le président a « promulgué la résolution spéciale guidant les élections du pays, après son adoption à l’unanimité par le parlement » lundi, soir, a annoncé, mercredi, 14 avril, Radio Mogadiscio.
Le chef du Sénat somalien avait jugé inconstitutionnel lundi ce vote de la chambre basse, et cette résolution n’est pas passée devant le Sénat, comme le prévoit le processus législatif.
Ce texte inquiète aussi la communauté internationale. Le chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell, a estimé, mardi, 13 avril, dans un communiqué, que cette résolution « va diviser la Somalie, créer des retards supplémentaires et constituer une grave menace pour la paix et la stabilité de la Somalie et de ses voisins ».
Le secrétaire d’Etat américain, Antony Blinken, a jugé sur Twitter qu’elle « sape davantage la paix et la sécurité du pays » et appelé le « gouvernement fédéral et les états fédéraux de la Somalie à reprendre les pourparlers ».
Depuis la fin de son mandat, le président Farmajo est jugé illégitime par l’opposition somalienne, et plusieurs tentatives de négociations pour sortir de l’impasse, n’ont pas abouti.
Cette loi va à l’encontre de l’accord obtenu le 17 septembre entre le président Farmajo et cinq leaders régionaux prévoyant des élections indirectes avant la fin de son mandat.
Ce pacte abandonnait la promesse du « un homme, une voix », un objectif ambitieux que la Somalie s’était initialement fixée pour tenir ses premières élections entièrement démocratiques depuis 1969, mais qui a achoppé sur de multiples désaccords politiques et surtout pour des raisons sécuritaires.
Le général Mohamed Siad Barré tenait la Somalie d’une main de fer avant d’être destitué en janvier 1991. Depuis, c’est la descente aux enfers.
Mais, ce processus basé sur le suffrage indirect a, également, débouché sur une impasse, dont les leaders régionaux et le président se rejettent la faute.
Les instances internationales ont multiplié les appels au dialogue, ces dernières semaines, pour éviter que ce pays particulièrement instable ne tombe dans le chaos.
On peut se demander si Mohamed Siad Barré, destitué en 1991, n’était pas finalement le moindre mal pour la Somalie même s’il ne pouvait vivre éternellement ?