SOMMET DE LA FRANCOPHONIE : Les incohérences politiques et diplomatiques du jeune président

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Décidément, Emmanuel Macron multiplie les bourdes diplomatiques. Beaucoup trop de maladresses jonchent son parcours élyséen. Le Sommet de la Francophonie, qui vient de se dérouler en France devait être l’occasion particulière d’essayer de faire avancer le conflit entre le Rwanda et la RDCongo, en raison des accusations de soutien du Rwanda aux rebelles majoritairement tutsi du M23 à l’Est de la RDCongo. Il n’en a rien été, bien au contraire. Et pourtant, les enquêtes des Nations-Unies et des Etats-Unis dans cette zone, ont, clairement, montré le soutien militaire indéfectible du Rwanda aux forces déstabilisatrices du gouvernement rdcongolais, dans le Kivu. Cette implication a poussé Washington à refuser le visa d’entrée à Paul Kagame qui voulait assister à la 79e Assemblée Générale des Nations-Unies, à New York, en septembre. Une première ! Si Kagame sait, désormais, ce que Joe Biden et son secrétaire d’Etat, Antony Blinken, pensent de lui, Emmanuel Macron, qui connait les réalités de cette zone, continue, lui, à ménager la chèvre et le choux, ce qui n’est pas acceptable pour Kinshasa. Et le président rdocongolais n’a pas utilisé les gants pour le lui faire savoir, en plein Sommet de la Francophonie, mettant, du coup, Emmanuel Macron mal à l’aise. La preuve, il n’est pas sur la photo officielle du Sommet.

Lors de son discours d’ouverture, Emmanuel Macron a omis de mentionner explicitement le conflit en RDCongo, préférant centrer ses propos sur d’autres crises internationales telles que l’Ukraine et Gaza, ce qui a entrainé le départ précipité du président, Félix Tshisekedi, percevant comme une politique française de «deux poids deux mesures », alors que la France a pris position dans d’autres conflits, notamment, entre l’Algérie et le Maroc. Elle reste, selon les RDCongolais, trop conciliante vis-à-vis du Rwanda.

Paul Kagame, le président rwandais qui a obtenu 99,18% à l’élection présidentielle du 15 juillet 2024, avant d’être chaleureusement félicité par Macron, président de la France pays des droits de l’homme, a, lui, bénéficié d’un accueil chaleureux. Placé aux côtés du jeune président lors de la photographie officielle, il a, aussi, été mis à l’honneur lors du dîner d’Etat à l’Elysée. Fureur de la partie rdcongolaise qui s’est sentie trahie par la France à cause de son parti pris intolérable.

En humiliant ainsi Felix Tshisekedi, Emmanuel Macron a réussi la prouesse de se fâcher avec le président du plus grand pays francophone au monde, ayant le plus de potentiel d’avenir en Afrique centrale, alors qu’au Rwanda, la population parle beaucoup plus anglais que français, à commencer par Paul Kagame qui sait à peine dire « bonjour » en français. En 2050, la RDCongo sera le deuxième pays le plus peuplé d’Afrique, derrière le Nigeria, et le huitième au niveau mondial, avec une population estimée à 215 millions d’habitants.

A la gauche d’Emmanuel Macron, la Secrétaire Générale de l’OIF, la Rwandaise, Louise Mushikiwabo, à sa droite, son épouse, Brigitte Macron, et le couple présidentiel du Rwanda. Le couple présidentiel rdcongolais est absent.

Emmanuel Macron s’était, déjà, fait remarquer en ne condamnant pas l’intervention du Rwanda sur le sol rdcongolais, lors de sa visite à Kinshasa en mars 2023, ce qui avait, fortement, déplu à Félix Tshisekedi, qui le lui avait rappelé en pleine conférence de presse, sous les applaudissements nourris des diplomates et ministres rdcongolais qui y assistaient. Mais, Emmanuel Macron n’avait pas semblé gêné de cette contrariété outre mesure. En effet, le jeune président continue sur la même ligne, alors que, même son homologue, Joe Biden, de qui Kagame était très proche, lui ferme, désormais, la porte. Ce sont, pourtant, les Américains, sous l’administration Bill Clinton, qui installèrent les pouvoirs en Ethiopie, en Erythrée, en Ouganda et au Rwanda, prétextant que les dirigeants de ces quatre pays faisaient partie de la nouvelle génération des présidents dont l’Afrique aurait besoin dans l’avenir. Si l’Ethiopien, Meles Zenawi, après une douzaine d’années de confiscation de pouvoir, a fini par mourir, l’ex-guerillero ougandais, Yoweri Museveni, est toujours en poste, et prépare à se succéder à lui-même, lors de l’élection présidentielle de 2025. Quant à l’Erythréen, Issaïs Afeworki, il compte, carrément, mourir au pouvoir après avoir installé une dictature sans nom. On n’a qu’à voir le nombre d’Erythréens qui tentent de s’exiler en Europe pour comprendre que le régime en place ne badine pas. Il en est de même de Paul Kagame qui, non seulement, a violé la constitution pour se représenter autant de fois qu’il le souhaitera, mais, il fait dans la déstabilisation du voisin rdcongolais pour exploiter abusivement les mines de son sous-sol.

Le jeune président français va, certainement, bientôt, quitter le pouvoir, en 2027, ou avant, sans avoir rien compris à la mentalité africaine et on a pitié pour la diplomatie française qui aura grand mal à revenir dans le jeu, alors que la RDC reste, fortement, courtisée par la Chine et la Russie.

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