Les participants au Sommet de Berlin se sont prononcés, dimanche, 19 janvier, en faveur d’un renforcement de l’embargo sur les armes imposé à la Libye dans l’espoir de parvenir à un cessez-le-feu durable. Mais, les belligérants, Fayez al-Sarraj et Khalifa Haftar, ne sont pas parvenus « pour l’instant » à entamer un « dialogue sérieux », selon le ministre russe des Affaires étrangères. Pire, alors qu’ils étaient tous les deux dans le même espace, ils ne se sont même pas serrés la main encore moins embrassés.
Service minimum : Les dirigeants des principaux pays concernés par le conflit en Libye se sont, finalement, engagés, à respecter l’embargo sur les armes décidé en 2011 par les Nations-Unies et à renoncer à toute « interférence » étrangère dans le conflit. Mais, ce ne sont que des mots car les appuis militaires bénéficient aux deux belligérants. Et vont encore l’être.
Lors d’une conférence sous l’égide de l’ONU à Berlin, onze pays dont la Russie et la Turquie ont convenu qu’il n’existait pas de « solution militaire » à ce conflit, qui déchire la Libye depuis près de 10 ans, a déclaré la chancelière allemande, Angela Merkel, à l’issue d’une demi-journée de discussions.
Les participants ont, aussi, appelé à un cessez-le-feu permanent sur le terrain, qui se fait attendre malgré l’entrée en vigueur, le 12 janvier, d’une fragile trêve entre belligérants.
Pour s’assurer du respect effectif et durable de la fin des hostilités, des rencontres inter-libyennes entre représentants militaires des deux camps devraient être organisées prochainement. Une invitation sera lancée « dans les prochains jours », a assuré Antonio Guterres, secrétaire général de l’ONU.
Pour la consolidation du cessez-le-feu, l’émissaire de l’ONU avait appelé les deux camps rivaux à former une « Commission militaire » composée de dix officiers, cinq de chaque côté. Cette commission aura pour mission de définir, sur le terrain, les mécanismes de mise en oeuvre du cessez-le-feu.
Les participants se sont accordés pour « respecter » strictement l’embargo sur les armes et que « cet embargo serait plus strictement contrôlé qu’auparavant », a expliqué la chancelière lors d’une conférence de presse commune avec Antonio Guterres, et l’émissaire de l’ONU en Libye, Ghassan Salamé. Mais point de Moussa Faki Mahamat, président de la Commission de l’Union africaine. Voilà qui prouve la marginalisation totale de l’Afrique de ce conflit alors que la Libye est un pays africain. Néanmoins, ce dernier ainsi que les présidents d’Egypte et président en exercice de l’Union africaine, Abdel Fattah el-Sisi, et du Congo-Brazzaville, Denis Sassou-Nguesso, qui préside le Comité de l’Union africaine sur la Libye, ont été admis à participer à cette réunion où les décisions sont prises par d’autres (notre photo). Il s’agit, donc, ici, de la pure figuration.
L’embargo a été décrété en 2011 par l’ONU mais est largement resté lettre morte.
Autre point sensible du conflit : les interventions plus ou moins directes de pays étrangers dans ce conflit. « Tous les participants se sont également engagés à renoncer à des interférences dans le conflit armé ou les affaires intérieures de la Libye », a indiqué Antonio Guterres.
La Turquie soutient, en effet, militairement, le gouvernement de Fayez al-Sarraj à Tripoli et la Russie, malgré ses dénégations, est soupçonnée d’appuyer l’homme fort de l’Est de la Libye, le maréchal, Khalifa Haftar.
Depuis la reprise des combats entre camps rivaux en Libye en avril 2019, plus de 280 civils et 2 000 combattants ont été tués et, selon l’ONU, plus de 170 000 habitants ont été déplacés.
Le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a indiqué que les deux belligérants du conflit libyen n’étaient pas parvenus à entamer un « dialogue sérieux » lors du Sommet international à Berlin. Autrement dit, pour Moscou, c’est un sommet comme les précédents. Un sommet pour rien en quelque sorte.