Le chef rebelle soudanais du Sud, Riek Machar, est arrivé, mercredi, 31 octobre, matin, à Juba, après plus de deux ans d’absence, pour participer à une cérémonie célébrant la signature d’un nouvel accord de paix au Soudan du Sud, dont la mise en œuvre se fait à pas comptés. Dans ce nouvel accord, Riek Machar conserverait son ancien poste de vice-président de la République.
Riek Machar n’avait plus remis les pieds à Juba depuis qu’il avait dû fuir, précipitamment, la capitale en juillet 2016 après des combats meurtriers entre ses hommes et les forces gouvernementales.
Le chef du Mouvement populaire de libération du Soudan – en opposition (SPLM-IO) est arrivé, vers 09H30 locales (06H30 GMT), en provenance de Khartoum, à l’aéroport de Juba, où l’attendait le président, Salva Kiir (notre photo).
Les deux rivaux avaient signé, sous pression internationale, un accord de paix, le 12 septembre, à Addis Abeba, censé mettre fin à presque cinq années d’une guerre civile dévastatrice pour le plus jeune pays du monde.
A la faveur de la signature de l’accord de paix, il avait été convenu d’organiser, à Juba, une cérémonie pour la paix, en présence des chefs d’Etat de la région.
Ainsi, le chef de l’Etat soudanais, Omar el-Béchir, la présidente éthiopienne, nouvellement, nommée Sahle-Work Zewde et son homologue somalien, Mohamed Abdullahi Mohamed, ont gagné Juba mercredi matin. Le président ougandais, Yoweri Museveni, y était, également, attendu.
La cérémonie devait se dérouler au Mausolée, John Garang, héros de la guerre d’indépendance contre le Soudan. Plusieurs milliers de personnes y étaient rassemblées mercredi matin en attendant qu’elle commence.
On ignorait mercredi si Riek Machar allait rester à Juba au-delà de la cérémonie : son entourage avait fait part mardi de ses craintes concernant sa sécurité.
En juillet 2016, de violents combats avaient éclaté entre les forces gouvernementales et les troupes rebelles stationnées à Juba pour la protection de Riek Machar, faisant plusieurs centaines de morts.
La plus grande confusion avait régné dans la capitale, pendant plusieurs jours, au cours desquels la résidence de M. Machar avait été bombardée. Le chef rebelle avait, alors, pris la fuite et gagné à pied la République démocratique du Congo (RDC) voisine au terme d’une longue marche dans la brousse, avant, finalement, de s’exiler en Afrique du Sud.
Mardi, l’un des porte-parole du chef rebelle, Lam Paul Gabriel, a indiqué que M. Machar craignait pour sa sécurité.
« Mais la vérité est là : nous sommes pour la paix et ce que nous essayons de faire, c’est de bâtir la confiance », avait-il ajouté, précisant que M. Machar voyagerait avec une trentaine d’hommes politiques du SPLM-IO et sans soldats.
Ce nouvel accord de paix laisse sceptiques de nombreux observateurs, qui soulignent que faire travailler ensemble MM. Kiir et Machar ne sera pas une mince affaire, leur coopération ayant, toujours, dans le passé, abouti au chaos et au conflit.
De fait, l’application du nouvel accord connaît des retards sur des points importants comme la réactivation d’une commission conjointe sur les frontières et le nombre des Etats régionaux, – un des points de contentieux entre pouvoir et opposition – et celle pour l’évaluation de la mise en œuvre de l’accord de paix.
Des combats ont, également, été rapportés dans la région de Yei (Sud) et dans l’Etat pétrolier du Upper Nile (Haut Nil), alors que les belligérants ont décrété un cessez-le feu fin juin.
Deux ans et demi à peine après son indépendance, le Soudan du Sud a sombré dans la guerre civile en décembre 2013 à Juba, lorsque Salva Kiir, un Dinka, a accusé Riek Machar, son ancien vice-président, un Nuer, de fomenter un coup d’état.
Le conflit, marqué par des atrocités à caractère ethnique, a fait plus de 380.000 morts et poussé plus de quatre millions de Soudanais du Sud, soit, près d’un tiers de la population, à fuir leur foyer.