L’ex-président, Omar el-Béchir, va être interrogé sur des affaires de «blanchiment d’argent et de financement du terrorisme», selon l’agence de presse officielle du Soudan. Pour l’heure, on n’en sait pas plus : s’agit-il de quels terroristes qu’il finançait ? Dans quels pays ? Sous quelles formes ? On sait que l’Union africaine avait pris fait et cause pour cet ancien président que les Occidentaux voulaient (et veulent toujours) traduire auprès de la Cour pénale internationale (CPI). A moins que cette accusation soit une manœuvre venant de ses ennemis (qui sont nombreux de par le monde), Omar el-Béchir, bras financier du terrorisme international, donnerait beaucoup d’arguments à ceux qui pensent qu’il n’a, jamais, été un chef d’Etat recommandable. Mais, c’est quoi un chef d’Etat recommandable ?
Cela dit, il faut savoir ce qu’on entend par soutenir le terrorisme quand on sait que les principaux alliés de Washington, au Moyen-Orient comme l’Arabie Saoudite et le Qatar, par exemple, sont, aussi, considérés comme de grands soutiens des mouvements terroristes dont la plupart déstabilise le Sahel africain. Mais Washington ne les a jamais mis sur sa liste noire de pays qui soutiennent le terrorisme. Une politique de deux poids deux mesures ?
Le procureur général du Soudan, Al-Walid Sayyed Ahmed, a ordonné l’interrogatoire de Béchir «en vertu des lois sur le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme», selon l’agence de presse Suna.
Les Etats-Unis ont levé, en octobre 2017, leur embargo commercial sur le Soudan, vieux de vingt ans, mais, maintiennent Khartoum sur sa liste des soutiens internationaux du terrorisme, avec l’Iran, la Syrie et la Corée du Nord. Le Soudan avait été inclus sur cette liste en raison d’accusations de liens avec des militants islamistes radicaux. Le fondateur d’Al-Qaïda, Oussama Ben Laden, avait vécu au Soudan entre 1992 et 1996. Même parti, il avait gardé des liens étroits avec les dirigeants soudanais, qui ont perduré après sa disparition.
Le général, Abdel Fattah al-Burhane, le chef du Conseil militaire de transition qui a succédé à Omar el-Béchir, avait indiqué, récemment, qu’une délégation soudanaise allait prochainement se rendre à Washington pour discuter d’un retrait du Soudan de la liste américaine des «pays soutenant le terrorisme».
L’Arabie Saoudite et les Emirats Arabes Unis ont décidé de financer le Soudan en lui allouant une aide de 3 milliards de dollars, afin que l’Etat ne s’écroule pas (sur notre photo, Omar el-Béchir reçu à Doha au Qatar en janvier 2019). D’autre part, le Conseil militaire de transition fait l’objet de pressions importantes venant de ceux qui le maintiennent en vie. Les choses vues sous cet angle, le lynchage judiciaire de Béchir qui se prépare est-il une façon de sauver le pouvoir des militaires actuels dont les civils ne veulent pas entendre parler ?