STATU QUO NORD-KIVU : A quoi sert la réélection de Félix Tshisekedi ?

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Six mois après sa réélection à la tête de son pays, Félix Tshisekedi dispose (enfin) d’un nouveau gouvernement formé par la première ministre, Judith Suminwa. La présentation récente de la composition de ce dernier a suscité de nombreuses réactions portant sur la direction de la RD Congo pour les années à venir, en particulier, en matière de sécurité et de diplomatie.

En évinçant Christophe Lutundula du ministère des Affaires étrangères, et Jean-Pierre Bemba de la Défense, le chef de l’Etat rdcongolais a concédé l’échec de sa réponse au conflit dans le Nord-Kivu. Le statu quo observé dans les pourparlers de sortie de cette crise, ainsi que, les plaintes de plusieurs collaborateurs ayant eu raison de Christophe Lutundula. D’un autre côté, l’incapacité de Jean-Pierre Bemba à contenir la progression du M23 dans l’Est aura eu raison de lui. Les missions de leurs remplaçants, Thérèse Wamba Wagner (Affaires étrangères) et Guy Kabongo Mwadianvita (Défense) ne devraient pas changer, à moins que le président, Tshisekedi, ne se décide à entrer en guerre avec son voisin, Paul Kagame.

Assuré d’être réélu pour un nouveau mandat lors du pseudo-scrutin présidentiel du 15 juillet prochain, Paul Kagame a, lui aussi, procédé à quelques changements au sein de son équipe gouvernementale. Le plus notable est le remplacement du Dr. Vincent Biruta par Olivier Nduhungirehe au poste de diplomate en chef du Rwanda. Le choix de ce dernier serait motivé par la virulence de son activisme face au documentaire « Rwanda Classified », dans lequel un rôle lui est prêté dans le système de répression instauré par le président rwandais. Avant d’être envoyé en Hollande comme ambassadeur du Rwanda, il occupa la fonction de ministre d’Etat aux Affaires étrangères en charge de la communauté d’Afrique de l’Est, de laquelle il fut écarté pour cause « d’agissements basés sur des opinions personnelles ».

Autant dire qu’avec ces nouveaux protagonistes, rien ne devrait vraiment changer sur le volet sécuritaire ou diplomatique. Car, on voit mal les autorités rwandaises sortir de leur traditionnel déni et reconnaître vouloir déstabiliser la RD Congo ou le régime de Kinshasa déposer les armes pour privilégier le dialogue, notamment, après l’alourdissement du bilan de soldats sud-africains morts venus prêter main forte aux FARDC.

Paul-Patrick Tédga

MSc in Finance (Johns Hopkins University – Washington DC)

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